Un samedi noir

Michel Rocard et Elie Wiessel

Michel Rocard et Elie Wiessel

Le samedi 2 Juillet dernier a été doublement funeste. Deux grands hommes nous ont quittés, il s’agit de Michel Rocard et d’Elie Wiessel. L’ancien Premier Ministre et le philosophe ont tous les deux, chacun à leur manière, laissé une trace dans l’histoire. Le premier a grandement influencé la gauche française tandis que l’autre représentait une mémoire en tant que rescapé de la Shoah.

 

Michel Rocard avait en effet occupé le poste de premier Ministre entre Juin 1988 et Mai 1991 avant de devenir Député européen en 1994. Il avait même été élu personnalité de gauche préférée des français en 1969. C’est à lui qu’on doit le RMI, la création de la Poste et France Télécom.

 

Elie Wiessel, quant à lui, est à la fois philosophe, écrivain, et professeur. Décoré de la légion d’honneur, il a reçu le prix Nobel de la Paix en 1986. Mais c’est surtout son témoignage saisissant sur la Shoah qui l’a fait connaître, il s’est alors consacré à médiatiser les témoignages de survivants et plus généralement à défendre les opprimés. Il rejoint d’ailleurs en cela Michel Rocard.

 

Mais quoi de plus éloquent pour leur rendre un dernier hommage que de laisser la parole à ceux qui les ont côtoyé ?

 

La mort de Michel Rocard a suscité un vif émoi, et des réactions multiples et diverses. Toutefois, tous s’accordent sur le fait qu’il était une personnalité de référence de la gauche française, un progressiste qui souhaitait ancrer la gauche dans une économie de marché. Selon Jacques Delors, ancien président de la Commission européenne entre 1985 et 1995, « dans [le] combat des idées pour renouveler le socialisme français il a joué le rôle essentiel. ». Dans son communiqué, la CFDT le décrit d’ailleurs comme « un homme d’État, un démocrate, un européen convaincu, un progressiste social, audacieux et humaniste ».

 

« Humaniste », c’est aussi le mot employé par François Hollande au sujet d’Elie Wiessel, il a tenu à saluer «la mémoire d’un grand humaniste, inlassable défenseur de la paix». Le Président Barack Obama lui-même a exprimé son admiration pour ce grand homme en ces mots «Sa vie, et la force de son exemple, nous poussent à être meilleurs».

 

D’autres témoignages font ressortir des aspects moins connus mais tout aussi louables de la personnalité de ces deux figures emblématiques. A titre d’exemple, l’écologiste Nicolas Hulot met en avant la sensibilité de Michel Rocard pour la protection de l’environnement en le représentant comme un « passionné des terres australes et boréales, défenseur de la fiscalité écologique autour de laquelle il avait su construire un impossible consensus ». Il avait par ailleurs présidé en  juillet 2009, une conférence d’experts sur l’institution d’une Contribution climat énergie.

 

Certes, on ne peut pas plaire à tout le monde mais quant aux détracteurs d’Elie Wiessel, ceux qui l’accusent d’instrumentaliser la Shoah à des fins personnelles, voire même de mentir sur certains points,  ils n’entacheront pas son image de « conscience du monde ».