Clap de fin pour le TTIP ?

Mort et enterré le TTIP ? A la suite des déclarations du vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel, le 26 août dernier, affirmant que les négociations entre européens et américains pour le traité transatlantique étaient dans l’impasse, les opposants les plus résolus à ce projet ont dans un premier temps pensé que la partie était gagnée. Espoir d’autant plus réaliste que la France, par la voix de son secrétaire d’état au commerce extérieur Mathias Feckl, compte prochainement demander à la Commission de suspendre sa participation aux négociations. Cette fin d’été semblait donc sourire aux opposants de ce traité commercial qui, rappelons-le, entend mettre en place la plus vaste zone de libre-échange au monde.

 

Ces espoirs furent rapidement douchés par les déclarations successives d’Angela Merkel et de Jean-Claude Junker. Ce dernier, en qualité de président de la Commission, a fait valoir que le mandat délivré en juillet 2013 à l’exécutif européen par les 28 pays membres pour mener les négociations à leur terme européen est encore « pleinement valable » à ce jour. Présentant le TTIP comme une « opportunité pour la croissance et l’emploi en Europe », Jean-Claude Junker a en outre sèchement recadré la France pour son changement d’attitude soudain sur ce dossier.

 

Initialement prévues pour aboutir à la fin 2016, les discussions pourraient même être accélérées en raison du contexte électoral américain selon de nombreux observateurs. Grand promoteur du projet, Barack Obama redoute en effet que l’administration qui lui succèdera au mois de janvier prochain n’enterre définitivement le traité transatlantique. Héraut d’un protectionnisme musclé, le républicain Donald Trump combat ce projet au même titre que les accords de libre-échange contractés récemment entre les nord-américains et cinq pays de l’Asie du sud-Est. Hillary Clinton, pour se ménager les bonnes grâces de l’aile gauche du Parti Démocrate en vue de son accession à la Maison Blanche, promet depuis son entrée en campagne, un changement de cap « majeur » concernant les traités de libre-échange.

 

En Europe, les prochaines échéances électorales observent également un rôle de poids dans les inflexions des Etats à l’égard du TTIP, massivement rejeté dans les opinions européennes, le texte étant largement perçu comme trop favorable aux intérêts des multinationales. Particulièrement dynamique en Allemagne et en Belgique (c.fFolio 72), la contestation menée par les organisations de la société civile organisée semble avoir rencontré un large écho chez les citoyens européens. A l’approche des élections fédérales allemandes, la déclaration de Sigmar Gabriel, ministre des finances du gouvernement d’une Angela Merkel très affaiblie, ne serait-elle qu’un calcul politique ou l’expression d’une réelle conviction?

 

A défaut d’être mort et enterré, l’avenir du TTIP semble donc compromis dans un futur proche. L’Ipse entend prochainement approfondir son travail d’information et de lobbying, particulièrement sur les aspects répondants à ses prérogatives. Ainsi, nous organiserons prochainement une rencontre-débat avec notre ami et partenaire historique Pierre Defraigne (Fondation Madariaga-Collège d’Europe, DG Hononaire à la Commission européenne  ) et Pascal Lamy (Ancien DG Commerce à la Commission Européenne, Ancien directeur de l’OMC).

 

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