Claude Rolin : « L’Europe de demain sera sociale ou ne sera pas »

 

 Eurodéputé belge (groupe PPE/chrétien-démocrate), Claude Rolin est vice-président de la commission emploi et affaires sociales (EMPL). Durant la législature, il fut notamment en charge, comme rapporteur de la révision législative de la directive relative à la protection des travailleurs contre les risques liés à l’exposition à des agents cancérigènes ou mutagènes sur le lieu de travail. Pour la prochaine législature, Claude Rolin ne renouvelle pas son mandat d’eurodéputé. Ancien secrétaire générale de la confédération des syndicats chrétiens (première organisation de salariés de Belgique), il nous présente le bilan de la Commission Juncker dans le domaine social.

 

En juillet 2014, lors de son investiture comme Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a pris un engagement : permettre à l’Union européenne de se voir décerner un « Triple A social ». Il ambitionnait aussi d’être le président de la relance du dialogue social européen. 

 

A l’approche du terme de cette législature, nous pouvons en tirer le bilan. Si, dans un premier temps, la dynamique s’est enclenché sur un rythme beaucoup trop lent, il faut reconnaître que la seconde partie de la législature a permis de réelles avancées législatives sur le plan social. Citons, entre autres, la directive consacrée à l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, celle relative à la transparence et à la prévisibilité des conditions de travail et surtout la révision de la directive encadrant le détachement des travailleurs.

 

J’épinglerai aussi la révision de la directive protégeant les travailleurs exposés à des substances cancérigènes et mutagènes dont je fus le rapporteur pour le Parlement européen. Le cancer est en effet la première cause de mortalité liée au travail au sein de l’Union européenne. Face à ce constat dramatique, la Commission européenne a entrepris de réviser la directive encadrant les substances cancérigènes et mutagènes (CMD) qui datait de 2004. Durant plus de deux ans, nous avons travaillé à l’élaboration et à l’adoption d’une révision ambitieuse. Celle-ci permettra d’éviter 100.000 décès dans les cinquante années à venir. Par le biais de cette directive, l’Europe qui protège n’est pas qu’une formule; c’est une réalité.

 

Le point culminant de la législature dans le domaine social fut certainement la tenue du sommet social de Göteborg et l’adoption du Socle européen des droits sociaux par les chefs D’États et de gouvernements. Un ensemble de mesures validées tant par le Conseil que par le Parlement et la Commission. Il semble qu’en Suède s’est alors ouvert une fenêtre d’opportunité pour la relance concrète de l’Europe sociale. Reste à l’exploiter dans les prochaines années et surtout éviter qu’elle ne se referme.

 

C’est pourquoi le scrutin européen qui se tiendra du 23 au 26 mai sera déterminant. Il est important que la prochaine législature permette de consolider et d’amplifier la défense des droits sociaux car, nous en sommes convaincus, l’Europe de demain sera sociale ou ne sera pas.

 

Claude Rolin
Député européen
vice-Président de la commission EMPL