L’extension de la protection sociale : « un facteur déterminant pour la sortie de la crise et le développement inclusif » selon l’OIT

oitDans son « Rapport sur la protection sociale dans le monde 2014/15 », publié le 3 juin dernier, l’Organisation internationale du travail (OIT) pointe du doigt la contre-productivité de « l’assainissement des finances publiques et des mesures d’ajustements » mis en œuvre dans certains pays. Selon l’OIT, il est primordial d’investir dans la protection sociale pour une gestion optimale de la crise économique.

 

Ce rapport de l’OIT, séquencé en plusieurs parties, analyse les différentes tendances mondiales selon « une approche fondée sur le cycle de vie ». Il souligne notamment l’insuffisance des politiques de protection sociale dédiées aux enfants et à la famille. « L’assainissement des finances publiques et les mesures d’ajustement opérées dans les pays à revenu élevé nuisent aux progrès accomplis en matière de sécurité du revenu pour les enfants et leur famille. Sur les 28 pays de l’Union européenne, 19 ont enregistré une augmentation de la pauvreté des enfants entre 2007 et 2012 ».

 

Le rapport relève également l’impact de la protection sociale sur la population en âge de travailler. En effet, lors des diverses périodes d’inactivité que peut rencontrer cette catégorie de personnes, la protection sociale joue un rôle de stabilisateur économique. Si l’on prend l’exemple du chômage, « seuls 12[%] des travailleurs sans emploi dans le monde sont bénéficiaires de prestations chômage ». Ce chiffre s’élève toutefois à 64% en Europe occidentale, où 5,9% du PIB sont consacrés aux dépenses de protection sociale en faveur de cette population, contre seulement 2,3% à l’échelle mondiale.

 

Les personnes en retraite ne sont pas d’avantage épargnées. « Les pays engagés sur la voie de l’assainissement des finances publiques réforment leurs systèmes de retraite afin de réduire les dépenses, notamment en augmentant l’âge de départ à la retraite, en réduisant les prestations et en augmentant les taux de cotisation ». La principale conséquence de ces mesures sera que « dans au moins 14 pays d’Europe, les futures retraités recevront des pensions plus faibles ».

 

La protection sociale a joué un rôle fondamental lors de la crise. Le rapport relève notamment que, lors de la première phase de la crise (2008-2009), « 48 pays à revenu élevé et intermédiaire ont annoncé des plans de relance budgétaire […], dont un quart a été investi dans des mesures de protection sociale anticycliques ». Mais la plupart on fait marche arrière durant la deuxième phase de la crise, en se lançant « dans l’assainissement des finances publiques et la contraction prématurée des dépenses ». Ce changement de trajectoire n’a fait qu’augmenter la pauvreté et l’exclusion sociale, qui touchent désormais 24% de la population de l’UE. Toutefois, « il est important de signaler les tendances divergentes dans les pays riches et les pays pauvres : si de nombreux pays à revenu élevé réduisent l’étendue de leurs systèmes de sécurité sociale, de nombreux pays en développement étendent ces systèmes ».     

 

La question de la protection sociale doit être au cœur du Programme de développement post 2015, « en cela qu’elle permet de réaliser le droit fondamental à la sécurité sociale et constitue un élément essentiel d’une politique économique saine [permettant] la réduction de la pauvreté, de l’exclusion et des inégalités, tout en favorisant la stabilité politique et la cohésion sociale ».

 

Pour plus d’information :
Rapport sur la protection sociale dans le monde 2014/15 (EN)  
Résumé exécutif du Rapport sur la protection sociale dans le monde 2014/15 (FR)