L’Institut syndical européen publie une étude accablante sur le coût des cancers professionnels en Europe

 

 

L’Institut syndical européen – partenaire de l’Ipse – a présenté le 14 novembre une étude consacrée au coût des cancers professionnels en Europe. Réalisée par deux cabinets spécialisés en évaluation des risques chimiques, l’étude estime « entre 270 et 610 milliards d’euros chaque année, soit 1,4 à 4,1% du produit intérieur brut de l’UE » les coûts – directs et indirects –  liés aux cancers d’origine professionnelle. Ces montants considérables s’expliquent par le fait que l’étude prend en considération les dépenses assumées par les systèmes de santé des États membres, les pertes financières consécutives à des arrêts maladie prolongés ainsi que le coût humain pour les victimes et leur famille. Les cancers d’origine professionnelle représentent 100 000 morts par an à l’échelle de l’UE. Les salariés les plus susceptibles d’être exposés à des agents cancérogènes présentent davantage de risques de contracter un cancer au cours de leur vie professionnelle.

 

Première cause de mortalité au travail dans l’UE, les cancers professionnels sont la source d’un coût sociétal alarmant. Confiée à deux cabinets spécialisés en évaluation des risques chimiques, Risk&Policy Analysts et FoBIG, l’étude présentée par l’ETUI ce 14 novembre au cours de sa conférence « Cancer et travail » est des plus édifiantes. Prenant en compte 25 agents cancérogènes (amiante, vapeurs de diesel, etc.) auxquels peuvent être exposés les travailleurs européens, elle démontre que ce sont les salariés et leur famille qui assument la part la plus importante de la charge liée au traitement des cancers. Ces différents coûts tant humains qu’économiques et sociaux pourraient être drastiquement diminués si l’UE se dotait d’une politique de prévention plus drastique.

 

Au niveau européen, la directive concernant les cancers professionnels est actuellement en phase de révision. Un premier volet a été adopté au Parlement le 25 octobre faisant suite au compromis négocié entre États membres au sein du Conseil européen. Il devra être transposé dans les législations nationales au plus tard 2019 Au sujet de cette révision, l’Etui salue des « avancées réelles » qui devront être par la suite complétées. Le compromis voté au Conseil est nettement plus ambitieux que le projet initialement présenté par la Commission début janvier 2016. Amélioration significative, le principe d’une surveillance de la santé des travailleurs ayant été exposés à des agents cancérogènes est introduit dans la directive.

 

L’étude présentée par l’Etui démontre s’il en est encore besoin la nécessité pour la société civile organisée de demeurer d’une vigilante constante sur les problèmes liés à la santé au travail. A ce titre, nous rappelons à nos adhérents que notre 19ème Colloque Professionnel, consacré à la place de la protection sociale dans le cadre de la transition sociale et écologique, constituera une occasion d’interpeller les pouvoirs publics et les différentes agences de régulation, sur l’urgence de mener une politique de prévention efficiente et solidaire.