L’intégration des réfugiés, un défi à transformer en opportunité

Le Comité économique et social européen (CESE) a organisé lundi 22 février un séminaire sur l’intégration des réfugiés sur le marché du travail. L’Ipse y était représenté par Pietro Romano. Les intervenants ont concordé sur la nécessité de considérer l’afflux des réfugiés non pas comme une menace mais comme une opportunité, notamment au vu du déclin démographique européen. L’Ipse partage certaines idées énoncées par les orateurs quant à la nécessité d’organiser une réponse humaniste et véritablement européenne face à la crise des réfugiés. Leur intégration sur le marché du travail est une composante de cette réponse.

Comment transformer la crise des réfugiés en opportunité pour l’économie européenne ?

 

C’est la question à laquelle ont essayé de répondre les intervenants du séminaire organisé par le CESE à Bruxelles. Selon les chiffres communiqués par Geertrui Lanneau de l’Organisation Internationale pour les Migrations, en 2015 le nombre de demandeurs d’asile était d’un million trois cent mille, soit le double par rapport à l’année précédente. La réponse européenne a été, pour utiliser un euphémisme, très peu coordonnée. Les Etats membres se trouvent dans des situations très hétérogènes quant à la pression migratoire qu’ils subissent à leurs frontières et au niveau de l’attractivité qu’ils représentent aux yeux des réfugiés. La gestion des flux migratoires varie non seulement d’un pays à l’autre mais également au sein du même pays, en fonction des politiques menées au niveau local, notamment par les grandes villes.

 

Par ailleurs, il existe des différences aussi par rapport au secteur d’activité dans lequel les réfugiés peuvent être intégrés. En Autriche, par exemple, les demandeurs d’asile peuvent avoir accès seulement aux emplois dans le tourisme. Or, si l’on considère que 53% des réfugiés ont entre 18 et 34 ans, et sont donc tout à fait susceptibles d’être sur le marché du travail, il faut s’interroger sur les outils leur permettant de s’intégrer le plus rapidement possible.

 

Selon Mme Fóti d’Eurofound, il faut surtout s’intéresser aux demandeurs d’asile peu qualifiés car il s’agit du groupe qui rencontre le plus de difficultés à trouver un emploi. Cela s’explique par l’âge très jeune des réfugiés, qui devraient donc bénéficier d’une formation pour acquérir les compétences nécessaires. La plus importante de ces compétences est sans doute la langue : il faut développer une approche qui allie à la fois l’apprentissage de la langue et la formation, de manière à ce que les réfugiés puissent appliquer immédiatement ce qu’ils apprennent dans les cours de langue. A cela s’ajoute la nécessité de valoriser et reconnaître formellement les compétences des réfugiés, puisque souvent elles ne font l’objet de certification comme c’est le cas en Europe.

 

Comment financer toutes ces actions ? L’eurodéputée anglaise du groupe des Verts, Jean Lambert, a proposé d’utiliser avec davantage de souplesse les fonds existants, tel le Fonds Social Européen (FSE), qui à l’origine ne ciblent pas ces groupes.

L’intégration des réfugiés sur le marché du travail, c’est l’une des conclusions du séminaire, n’est pas un choix mais plutôt un passage obligé. D’une part puisque cela permettrait d’avoir une population de réfugiés active qui produirait de la richesse et ne serait plus demandeuse d’ « assistance ». D’autre part, car avec la tendance démographique actuelle en Europe, il y aura une perte de 19 millions de travailleurs entre 2023 et 2060. L’intégration des réfugiés sur le marché du travail pourrait contribuer à compenser cette perte.