Marianne Thyssen : « quels que soient les problèmes, tout est une question d’emplois, d’emplois, d’emplois, mais aussi de protection sociale »

 

La nouvelle commissaire à l’emploi et aux affaires sociales, Marianne Thyssen, a présenté dans le magazine de la Commission européenne  Social agenda de décembre sa vision, ses objectifs et ses principaux dossiers pour remettre le social au cœur des politiques européennes durant les cinq prochaines années.

 

 

Marianne Thyssen est déterminée. Tout juste nommée à la tête d’une direction générale de l’emploi et les affaires sociales, élargie aux compétences et à la mobilité, elle affirme avec conviction que son portefeuille a un rôle à jouer dans toutes les politiques : « Si nous regardons ce que sont les problèmes numéros 1, 2 et 3 … tout est une question d’emplois, d‘emplois, d’emplois … mais aussi de protection sociale. Nous devons donc travailler très dur dessus et montrer des résultats. »

 

 « Nous avons une clause sociale horizontale, transversale dans le Traité, alors utilisons là ! », a-t-elle affirmé, faisant référence à l’article 9 du traité sur le fonctionnement de l’UE qui impose à l’ensemble des politiques et actions de l’Union le respect d’exigences sociales (niveau d’emploi élevé, protection sociale adéquate, lutte contre l’exclusion social, etc.).

 

La nouvelle commissaire aux affaires sociales devra en effet travailler de manière transversale avec pas moins de 5 commissaires et vice-présidents pour mener à bien les missions de sa direction générale qui doit rééquilibrer l’agenda économique et social. Parmi ses principales missions : s’assurer que l’emploi et les affaires sociales soient au cœur du processus de gouvernance économique – le semestre européen – en impliquant davantage les organisations patronales et syndicales dans le processus, et en relançant le dialogue social en général ; vérifier que toutes les propositions et activités de la Commission prennent pleinement en compte l’impact potentiel qu’elles auront sur le social et en termes d’emploi ; et enfin donner une dimension sociale à l’Union économique et monétaire.

 

 

Détachement et coordination des systèmes sécurité sociale au programme 

 

Parmi les grands dossiers qu’elle entend traiter durant ces cinq prochaines années, Marianne Thyssen en aborde plusieurs qui touchent à la mobilité, à commencer par l’épineuse question du détachement des travailleurs : « Je suis heureuse que nous ayons déjà adopté une directive d’exécution pour les travailleurs détachés. Espérons que cela aide réellement mais nous avons aussi besoin d’aller voir dans la directive sur les travailleurs détachés elle-même, j’espère en 2015 ».

 

Le règlement de coordination des systèmes de sécurité sociale devra aussi être réexaminé : « Nous avons également besoin de revoir le règlement de l’UE sur la coordination des systèmes de sécurité sociale. Si quelqu’un se déplace dans un autre pays ou est dans une situation transfrontalière, de quelles provisions de sécurité sociale il/elle est titulaire et quand ? Comment sont-elles calculées, sur quelle base et qui paie ? »

 

Enfin, sur le tourisme social, sujet que le premier ministre britannique, David Cameron, tente régulièrement de placer sur le devant de la scène européenne depuis quelques mois, Marianne Thyssen affirme que ce phénomène « n’a jamais été l’objectif de la libre circulation ». Elle entend donc  « vérifier et observer s’il y a des problèmes » et si la législation actuelle ne convient pas, elle se dit prête dans ce cas à « ouvrir la boîte de Pandore… ».

 

 

Renforcer la dimension sociale de l’Union économique et monétaire et le dialogue social

 

Sur la manière de rendre plus sociale l’Union économique et monétaire, la commissaire pense que « nous devrions réfléchir en termes de standard minimum », citant pour exemple «  un revenu minimum dans tous les pays de l’UE, basé sur le budget de référence ».

 

Les indicateurs sociaux ont selon elle un rôle tout particulier à jouer dans le renforcement de cette dimension sociale « je suis heureuse que sous la précédente Commission, les indicateurs sociaux supplémentaires aient été introduits, mais il est temps désormais de les utiliser d’une meilleure manière ».

 

Autre aspect important à développer : le dialogue social. Marianne Thyssen annonce qu’au printemps 2015, la Commission organisera « un sommet de haut niveau avec les partenaires sociaux européens interprofessionnels et sectoriels » où seront également invités les partenaires sociaux nationaux, qu’elles souhaitent impliquer davantage dans le processus du semestre européen.  « Ce serait bien si, dans dix ans, on pouvait déjà être dans les livres d’histoire pour avoir réussi à donner un nouveau départ au dialogue social après la crise ».

 

Pour conclure, la commissaire confie qu’elle considèrera sa mission comme un succès au bout des cinq années si elle parvient à « avoir moins de chômage et moins de pauvreté » avec les autres commissaires. S’adressant aux citoyens, elle espère « qu’ils comprennent que nous incitons les Etats membres à entreprendre des réformes structurelles, non pas pour leur enlever leurs droits mais pour avoir des systèmes de sécurité sociale durables et s’assurer que les prochaines générations de citoyens pourront tout autant profiter de ces droits ».