Novartis à l’origine d’un scandale de corruption de grande ampleur en Grèce

 

A la suite d’une enquête ouverte en 2016 par le parquet anticorruption grec, nombre de responsables grecs sont suspectés d’avoir accepté des pots-de-vin du laboratoire pharmaceutique suisse Novartis. Parmi les personnalités suspectées, on dénombre deux anciens premiers ministres du pari conservateur Nouvelle Démocratie, un ancien ministre socialiste de la Défense, l’actuel gouverneur de la Banque centrale grecque ainsi que le Commissaire européen aux migrations Dimitris Avramopoulos. Tous ces responsables étaient en fonction entre 2006 et 2015. Dénonçant une machination politique orchestrée par le gouvernement d’Alexis Tsipras, les politiciens potentiellement impliqués vont désormais faire l’objet d’une enquête du Parlement grec, seul habilité à juger d’anciens ministres. La filiale grecque du géant pharmaceutique est aujourd’hui suspectée d’avoir artificiellement gonflé le prix de ses médicaments alors que le pays connaissait une grave récession. En plus de certaines responsables politiques, Novartis aurait soudoyé des milliers de médecins et de fonctionnaires pour favoriser la commercialisation de ses vaccins et médicaments.

 

Après avoir été condamné à de lourdes amendes aux États-Unis et en Chine pour des faits de corruption, le groupe Novartis est dans le viseur de la justice grecque. Celle-ci soupçonne plusieurs responsables de la filière hellène du chimiste suisse d’avoir distribué des pots-de-vin à des membres de la classe politique ainsi qu’à des fonctionnaires et des médecins en vue de faciliter la commercialisation de ses produits sur le marché. Vaccins exagérément coûteux, médicaments à l’efficacité douteuse vendus à des prix dispendieux… Ce scandale est à l’origine d’un véritable séisme politique dans un pays où le système de santé est aujourd’hui à l’agonie suite à neuf ans de politiques d’austérité. En 2015, Médecins du Monde évaluait à 3 millions le nombre de grecs exclus du système de soins.

 

En outre, ce scandale vient fragiliser davantage les deux formations politiques qui se sont disputés le pouvoir au lendemain de la chute de la dictature des Colonels (1967-1974). Dix anciens ministres dont d’actuels poids-lourds du Pasok (centre-gauche) et de Nouvelle Démocratie (centre-droit) sont notamment suspectés d’avoir reçu des pots de vins de Novartis. Les témoignages recueillis par les magistrats font état d’un total de 50 millions d’euros de pots-de-vin versés à des responsables politiques, dont 40 millions versés à trois d’entre eux pour des commandes de vaccins en 2008, sous le gouvernement conservateur de Costas Caramanlis.

 

Accusées d’avoir instauré un système politique laissant la part belle à la corruption, au népotisme et au clientélisme, les deux formations sont aujourd’hui largement rejetées dans l’opinion grecque pour avoir notamment dissimulé des années l’ampleur de la dette publique du pays. Pour de nombreux observateurs, ce scandale pourrait bien accélérer leur disparition.

 

Nos partenaires grecs dont Giorgios Dassis – président du Comité Économique et Social européen – partagent notre indignation.