Portons avec panache les résultats de nos actions

fifiTribune de Philippe Pinglin1 ,

membre du Conseil d’administration de l’Ipse

 

Malgré l’inquiétude légitime devant la montée du chômage, est-ce que la situation de la France et de la majorité des Français justifie le comportement électoral hasardeux et porteur de dangers que nous avons connu lors des dernières élections ? La défense des corporatismes, le repli sur nos frontières ou l’opposition caricaturale à toutes réformes qu’elles viennent des partenaires sociaux, du gouvernement ou de l’Europe, ne sont pas des réponses. Cette posture, portée par le Front National, une partie de l’UMP et de la gauche, ignore l’action des associations, des syndicats, des organisations de solidarité internationale qui obtiennent jour après jour, un peu plus de droits pour que l’accès aux soins soit possible pour tous, un peu plus d’égalité face à la formation, un peu plus de solidarité pour un développement harmonieux et apaisé de l’humanité…

 

Alors que la plupart des peuples européens envient notre qualité de vie et les vertus de  notre pacte social, des Français, de plus en plus nombreux, adhérent aux discours populistes et nationalistes qui présentent à la face du monde, une France en déclin.
Au nom de « l’amour de la France », des hommes et de femmes utilisent leur parole publique à ne propager que désespérance, démobilisation des Français et créent pour longtemps un climat de haine qui divise le pays.
Mais qui peut prétendre aimer la France, ceux qui négocient pas à pas plus d’emplois dans les branches professionnelles et la généralisation d’une complémentaire santé, ou M. Guaino présentant une France à genoux, brutalement déréglée et soudainement impuissante sur l’échiquier européen ?
Qui peut prétendre aimer la France, ceux qui produisent plus d’équité sociale par l’aide aux devoirs dans les quartiers défavorisés, ou Mme Le Pen présentant le repli sur nos frontières, la réduction des aides sociales et l’opposition des Français entre eux , comme des solutions à nos difficultés ?
Qui peut prétendre aimer la France, ceux qui participent à des projets communs en Europe et dans le monde pour réaliser une mondialisation plus humaine et moins sauvage, ou M. Sarkozy comparant des institutions françaises, comme la justice, à la Stasi ?
En cette année de commémoration, où l’Europe et une partie du monde réaffirment aux côtés de la France, qu’à la guerre et aux souffrances des peuples, il faut opposer une intégration des économies et des politiques communes en Europe, il serait bon que celles et ceux, qui  abîment pour longtemps la démocratie et les esprits de ceux qui acceptent d’entrer dans leur spirale nationaliste et populiste, se souviennent qu’il y a à peine vingt ans, au cœur de l’Europe, la Yougoslavie se déchirait parce que des responsables politiques comme eux, choisirent la division et la haine pour conquérir le pouvoir.

 

La stérilité de ces discours entrave les réponses à notre urgence nationale : concentrer l’effort de la nation et nos solidarités sur les 8 millions de personnes en situation de pauvreté et de précarité, et donc sur l’emploi des jeunes.

Ce combat peut être gagné à une condition, que nous retrouvions confiance dans l’action collective. Que de chemin parcouru en  trois ou quatre décennies, en matière d’accès et de droits aux soins, à la formation, à la culture… L’exemple de l’augmentation de notre espérance de vie est significatif de l’efficacité de l’action collective. Les actions conjuguées des syndicats, des professionnels de santé, des associations d’aide et de soins aux malades, et enfin celle de l’Etat et des élus, permettent au plus grand nombre de construire en France un parcours de vie avec des projets à long terme, ce que de nombreux peuples du monde, dont l’espérance de vie est pour certains de moitié, ne peuvent pas faire.
C’est ce même engagement à trouver des solutions dont nous avons besoin aujourd’hui pour l’emploi des jeunes. Il serait illusoire de croire que l’action pour l’emploi des jeunes se gagnera à l’Elysée ou à l’Assemblée nationale. C’est au sein des entreprises que chaque salarié doit s’engager pour l’emploi de tous, y compris les plus jeunes qui à 75% d’une classe d’âge trouvent leur place dans la vie économique du pays, afin d’amener l’ensemble du patronat et des acteurs financiers à faire de l’emploi la priorité nationale.
Il s’agit à présent de penser collectivement de nouvelles organisations du travail pour mieux le partager. Réfléchir en termes de « partage » devient une nécessité : partage du travail disponible, partage du savoir, partage des richesses… La mondialisation qui redistribue autrement le travail, les capitaux et la croissance, nous y oblige.

 

La France, 5ème puissance économique mondiale, a d’énormes atouts pour parvenir un jour à faire le choix de donner un emploi de qualité pour tous : des organisations syndicales capables parfois de travailler à l’intérêt général, des associations organisant intelligemment les solidarités et quelques responsables politiques capables de tenir des discours courageux et de vérité.

 

A propos de personnes rencontrées au cours de mon action internationale, j’écrivais ceci : « Les hommes et les femmes dont l’engagement est raconté dans cet ouvrage n’ont rien d’exceptionnel. Seuls leurs combats collectifs le sont. Ils osent s’indigner devant l’injustice et transformer leur impatience en action ». Ce choix est face à chacun d’entre nous.
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1 Auteur de « Le pari de la liberté », Editions de l’Atelier, 2013. Animateur Europe/International à l’Institut Erasme. Ancien responsable CFDT et du CCFD dans les PECO et en Afrique.