Pour en finir avec le tout-puissant PIB

 

 

France Stratégie[1] et le Conseil économique, social et environnemental français (CESE) ont élaboré une liste de dix indicateurs qui devraient entrer dans le débat public afin de compléter le PIB, jusqu’ici la seule mesure universellement reconnue attestant du développement des sociétés.

 

 

Indicateurs alernatifs PIB

 

Après la Seconde Guerre mondiale le Produit intérieur brut (PIB) s’est imposé comme principale mesure du développement d’un pays. Dans le débat public, dans les médias, dans les discours des responsables politiques, la croissance du PIB constitue un mantra et sa réalisation la promesse d’un avenir plus prospère pour tous. Il s’avère toutefois que le PIB n’est guère en mesure de représenter à lui seul le progrès d’un pays dans ses dimensions économique, sociale et environnementale. Les tentatives d’élaborer des indicateurs alternatifs au PIB se succèdent depuis plusieurs années, sans pour autant avoir réussi à se substituer à ce dernier. Les approches visant à instituer un indicateur unique à la place du PIB, tel l’indice du développement humain (IDH) crée par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), présentent les mêmes limites qu’elles voudraient corriger.

 

A partir de ce constat, France Stratégie et le CESE ont élaboré une liste de dix indicateurs, chacun correspondant à un thème clé de la mesure du progrès. Le but est d’ancrer ces indicateurs dans le débat public, afin de concurrencer le monopôle exercé par le PIB. A cette fin, le rapport explique qu’ils doivent être « facilement compréhensibles par tous, disponibles annuellement, déclinables aux différents échelons territoriaux et doivent permettre des comparaisons internationales ».

 

La loi Eva Sas[2], adoptée en avril 2015 en France, a donné un nouvel élan à l’élaboration de ces indicateurs. En effet, ladite loi prévoit que le gouvernement présente au Parlement, en octobre, un rapport annuel sur les nouveaux indicateurs de richesse (qualité de vie et de développement durable, indicateurs d’inégalités, etc.). France Stratégie et le CESE se sont donc associés dans le but d’identifier dix indicateurs phares qui ont ensuite été proposés aux citoyens lors d’une consultation publique.

 

Il en résulte que les questions économiques restent au cœur des préoccupations des Français, qui jugent prioritaire la question de l’accès au marché du travail, bien représentée par l’indicateur du taux d’emploi. La dette occupe une place importante parmi les thèmes économiques, mais une large majorité des Français considère qu’il faut s’intéresser non seulement à la dette publique mais également à l’ensemble des crédits contractés par les entreprises, les particuliers et l’Etat. Le rapport propose donc l’endettement de l’ensemble des agents économiques non financiers, estimant qu’il s’agit du critère le mieux adapté pour juger de la stabilité économique d’un pays.

 

La santé arrive en 4ème position et est le premier thème social cité. Dans ce cas, l’indice le plus pertinent semble être l’espérance de vie en bonne santé, à savoir le nombre d’années qu’on peut espérer de vivre sans incapacités ni limitations d’activités. Les autres critères sociaux retenus sont la qualité de vie, les inégalités de revenus et l’éducation. En revanche, l’écologie n’est pas considérée comme un thème prioritaire : moins de 5% des Français consultés ont retenu les thèmes environnementaux comme une de leurs priorités pour compléter la mesure de la qualité de la croissance du pays.

______________________________________________________________________

[1]  Le Commissariat général à la stratégie et à la prospective (France Stratégie), est une institution rattachée au Premier ministre, ayant pour objectif de concourir à la détermination des grandes orientations pour l’avenir de la nation et des objectifs à moyen et long terme de son développement économique, social, culturel et environnemental, ainsi qu’à la préparation des réformes.

 

[2] Députée, membre d’Europe Ecologie Les Verts (EELV)