Tous contaminés ? Le glyphosate fait encore des siennes !

Malgré les nombreuses mises en garde quant à sa dangerosité, la Commission Européenne a annoncé mercredi 1er juin qu’elle proposera une réautorisation provisoire de la prolongation  de cette substance pour encore dix-huit mois.

 

Le glyphosate, loin de se ­réduire au seul Roundup, entre dans la composition de près de 750 produits, commercialisés par plus de 90 fabricants, répartis dans une vingtaine de pays… La production mondiale est montée en flèche ces dernières années un peu partout dans le monde, tirée vers le haut par l’adoption rapide des maïs et autres sojas transgéniques « Roundup ready ». En France, il s’en épand environ 8 000 tonnes par an. Avec son principal produit de dégradation, l’AMPA, il constitue le produit le plus fréquemment détecté dans les cours d’eau de France métropolitaine[1].

 

L’autorisation du glyphosate doit expirer à la fin du mois de juin en Europe. Une décision doit être prise quant à son renouvellement. De toutes parts, des voix s’élèvent pour pointer les dangers de cet herbicide  et les actions menées dans cette lutte rivalisent d’audace et d’ingéniosité.

 

Ainsi, le mois dernier, pour illustrer la présence de cette substance nocive dans notre organisme, certains membres du Parlement Européen n’ont pas hésité à pratiquer des tests urinaires. Les résultats ont été très probants : le taux de glyphosate moyen décelé dans les urines des eurodéputés se révèle 17 fois plus haut que la normale. Ce qui est très inquiétant quand on sait que l’OMS qualifie cette substance de « cancérogène probable ».

 

De plus, l’échantillonnage d’eurodéputés était mixte et provenait de différents pays et de différents partis. Cela nous donne donc une idée de ce que peut être la contamination de la population européenne et laisse particulièrement sceptique quant au fait que la Commission Européenne ne souhaite pas interdire même au nom « du principe de précaution » l’utilisation de cette substance !

 

De nombreuses actions sont réalisées également au niveau des citoyens, telle que la manifestation de l’organisation non gouvernementale Avaaz à Bruxelles du 18 mai dernier.

 

Le 27 mai, l’assemblée médicale allemande elle-même  a incité Berlin et la Commission à s’opposer à la prolongation de l’autorisation  du désherbant. Pour cela, elle s’est appuyée sur une étude prouvant que ce produit chimique provoque des « anomalies chromosomiques et d’ADN dans les cellules humaines ».

 

Certains États-membres, dont la France, la Suède, les Pays Bas… , sont également sensibles aux dangers du glyphosate  puisque jusqu’à présent, le renouvellement de son autorisation n’a pas pu se concrétiser. Il a été impossible de parvenir à une majorité qualifiée au sein de la Commission.

 

Mais selon Bruxelles, il y a de grandes chances pour que la proposition d’autorisation provisoire de cette substance soit acceptée le lundi 6 juin en Comité Technique.

 

Cette autorisation provisoire laisserait le temps à l’Agence Européenne des produits chimiques d’évaluer les dangers de cet herbicide et de confirmer ou d’infirmer les risques présentés par ce produit. Dix-huit mois pendant lesquels nous continuerons à être exposés à ce risque…

 

Il n’y a pas à douter que le glyphosate risque fort de continuer à faire parler de lui dans les années à venir lorsqu’il sera devenu un problème de santé public et que nous verrons apparaître au grand jour son réel potentiel destructeur pour l’humain.

 

En effet, comment comparer les gains en productivité agricole et les coûts maladie ? Coûts déjà élevés constatés dans la population agricole et les riverains aujourd’hui et demain sur un risque exponentiel du nombre de cancers déjà avérés.

 

Les régimes de protection sociale de base et davantage encore les complémentaires de santé ne peuvent qu’être sensibilisés à ce sujet.

 

[1] Données extraites du Monde