La Commission Juncker prend ses fonctions

Après plusieurs semaines d’auditions des commissaires candidats et d’aménagements des portefeuilles, la Commission Juncker a finalement réussi à respecter son calendrier et entrera en fonction le 1er novembre 2014. Adoubé ce 22 octobre à 423 voix (sur 699 votants) par le Parlement européen, puis dans un second temps par le Conseil, le collège de commissaires de Jean-Claude Juncker, que ce dernier définit comme étant « la Commission de la dernière chance »,  a cinq ans pour réconcilier les citoyens avec l’Union européenne.

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Les dernières semaines n’ont pas été de tout repos pour Jean-Claude Juncker et la formation de son collège de commissaires. Celui-ci a toutefois fini par recevoir l’approbation du Parlement européen, permettant à la nouvelle Commission de prendre ses fonctions au 1er novembre, et cela jusqu’au 31 octobre 2019.  

Avec 423 voix pour (209 contre et 67 abstentions), la Commission Juncker fait moins bien que les 488 voix de la précédente Commission Barroso, mais réalise tout de même un résultat « excellent », de l’avis du Président du Parlement européen, Martin Schultz. Si Jean-Claude Juncker a en effet pu compter sur l’essentiel des voix de la « coalition » composée des deux principaux partis au Parlement, les conservateurs du PPE et les socialistes du S&D, ainsi que sur les libéraux (ADLE), certains « frondeurs » se sont toutefois abstenus de suivre leur groupe (3 PPE, 6 libéraux et 32 socialistes, principalement espagnols et portugais). Les autres partis ont majoritairement voté contre ou se sont abstenus.

 

 

Un candidat remplacé, des portefeuilles réajustés

 

Depuis le premier collège des commissaires dévoilé le 10 septembre dernier, la Commission Juncker a subi un certain nombre de remaniements suite à la délicate épreuve des auditions orchestrées par le Parlement européen. La Commission définitive sera finalement composée de 13 conservateurs, 8 sociaux –démocrates, 4 libéraux, 1 conservateur et reformiste, et 2 commissaires sans-étiquette. Elle comptera le même nombre de femmes que ce qui était annoncé, 9 sur 28 commissaires, un nombre qui « reste pathétique », selon les propres termes de Jean-Claude Juncker.

 

La grande victime de ces auditions restera la candidate slovène, Alenka Bratusek, destinée à la vice présidence à l’Energie et finalement retoquée par le Parlement européen. Elle fut remplacée au pied levé par Violeta Bulc, à qui a été confié le portefeuille des Transports, initialement attribué au slovaque Maroš Sefcovic (qui avait pourtant déjà passé son audition sans encombre). Le Slovaque héritera en définitive de la vice présidence à l’Energie.

 

Si Violeta Bulc a vu sa candidature approuvée suite son audition, sa prestation a néanmoins laissé perplexe les députés de la commission parlementaire des Transports (TRAN). Les réponses de la commissaire candidate ont en effet été jugées décevantes sur les questions sociales, alors même que la lutte contre le dumping social est un enjeu de premier plan dans ces secteurs.

 

D’autres ajustements ont également été fait avant l’investiture de la nouvelle Commission. La polonaise Elżbieta Bienkowska, déjà en charge d’un important portefeuille comprenant Marché Intérieur, Industrie, Entrepreneuriat et PME (et de fait de nombreux dossiers touchant les entreprises mutualistes et paritaires, tels l’Entrepreneuriat social ou encore le statut de mutuelle européenne) hérite finalement en sus de la politique spatiale. Un portefeuille jugé trop épais par certains et qui laisse planer le risque d‘une direction générale débordée.

 

Face aux pressions de nombreuses ONG et Etats membres, Jean-Claude Juncker, a par ailleurs renoncé à rattacher la politique européenne du médicament au secteur des entreprises, prenant acte de la fronde qui dénonçait le risque de marchandisation de la santé. Cette compétence a ainsi été réaffectée au commissaire à la Santé, le Lituanien Vytenis Andriukaitis.
 
Enfin, conformément aux demandes du Parlement européen, le portefeuille du Hongrois Tibor Navracsics, ancien ministre et proche du peu démocratique Victor Orban, a également été amputé de la Citoyenneté, récupérée par le Grec Dimitris Avramopoulos, déjà en charge de la Migration et des Affaires intérieures. Le portefeuille du Hongrois a toutefois été complété par les compétences des Sports.

 

 

Un plan de 300 milliards d’euros d’investissement avant Noël

 

Peu après le vote du Parlement, Jean-Claude Juncker s’est dit « honoré que la Commission ait obtenu la confiance ». « Maintenant, il est temps de nous retrousser les manches et de nous mettre au travail », a ainsi déclaré le nouveau Président de la Commission. Il a ainsi rappelé que cette Commission serait celle « de la dernière chance » pour rapprocher les citoyens de l’Europe, réduire de façon draconienne le niveau du chômage et redonner une perspective européenne aux jeunes. Il s’agit, selon ses propos, de doter l’Europe d’un « triple A social ».

 

Jean-Claude Juncker est également revenu sur son grand projet, annoncé en juillet dernier, de lancer un plan d’investissement à 300 milliards d’euros pour relancer la croissance en Europe. Il s’est cependant refusé à donner des détails sur  cet ambitieux programme d’investissements publics et privés mais a promis qu’il serait présenté « avant Noël, car il y a urgence ».