Une onde de choc, une ode à la renaissance

 

Beaucoup de propos, des flots d’encre, des images en boucle…, ce Brexit a créé une déferlante de constats, de commentaires et de pronostics hâtifs. Et pourtant si surprise il y eut, ceci est en soi surprenant, tant ce scénario vécu se répètera si de telles consultations monosyllabiques sans réponse autre que négative, se produisaient en une majorité d’Etats membres.

 

Quant au devenir des relations politiques et économiques entre ce Royaume Uni (et désuni) et l’UE, la modestie doit être la règle tant « Nobody knows » !

Gérer un divorce non consommé était plus aisé en d’autres périodes, encore que les preuves soient discutables. Divorcer entre 2 partenaires n’est pas nécessairement aisé, mais à 28 !

 

Oui, la Grande Bretagne a vécu cette appartenance à coups d’Opting Out, d’abord sur les sujets sociaux, ensuite sur Schengen, enfin sur l’Euro, pour ne citer que les principaux. Adhérent à l’Europe des 6 devenue 9, le 1er janvier 1973, elle a milité constamment pour un grand élargissement conduisant à cette curieuse construction à 28 Etats hétéroclites. L’objet n’était en rien une main tendue à d’autres en vue de partager un destin commun, mais d’une part d’imposer un vaste marché sans régulation sociale dans la libre concurrence, d’autre part de dissoudre l’espace politique d’une Union interlocutrice des grands de la mondialisation, en développant une gouvernance inter-gouvernementale de notre Europe de moins en moins alors communautaire.

 

Au terme de la période de transition qui n’est pas du tout déterminée, tant que Londres ne notifiera son départ officiellement (article 50), une solution devra s’appliquer après probablement une somme de calculs des plus complexes à ce problème inédit.

En attendant, les règles de l’UE continueront de s’appliquer.

Plusieurs options existent toutefois, d’ores et déjà, citons brièvement ce qui existe déjà avec les nations norvégienne, islandaise et Liechtensteinoise : l’Espace Economique Européen -l’EEE-.

 

Le libre accès au marché commun des biens, des services, capitaux et personnes est autorisé par l’EEE. Mais en contrepartie, ces pays doivent se conformer à la législation européenne tout en n’ayant pas voix au chapitre sur les décisions, et de plus se doivent de contribuer au budget européen.

 

Or les Anglais, ont voté contre la libre circulation assimilée à l’immigration et n’ont jamais apprécié de verser au pot commun. Notons pour notre domaine de compétence à l’Ipse qu’est la protection sociale, l’appartenance à l’UE ouvre le droit à l’application de l’avantageux règlement 883/04 organisant la coordination des régimes de sécurité sociale et assimilés.

 

Le compromis suisse existe par ailleurs, des plus complexes avec 120 accords bilatéraux, cependant il exclut les services financiers, donc la City, d’opérer dans n’importe quel autre pays.

De toute façon, le bénéfice des droits sociaux apportés par le droit communautaire sera remis forcément en question.

 

Citons le plafond de la durée hebdomadaire du travail, les congés payés, l’égalité de traitement entre temps partiel et temps plein, le congé maternité (consacré par les partenaires sociaux européens), …

 

Citons aussi des coopérations dont l’Ipse, a fait fort écho ces dernières semaines, telles celles entretenues entre le National Health System-NHS- et les homologues français et belges, au bénéfice des patients anglais.

 

Ce Brexit est d’abord une défaite de l’Europe «  telle qu’elle est » :

  • celle d’une montée des populismes, résultat des politiques aveugles d’austérité contre la protection sociale, dénoncées aujourd’hui par la directrice générale du FMI, Christine Lagarde elle-même !
  • celle de la dissolution des classes dîtes moyennes est aussi dramatique pour l’esprit démocratique dont elles sont particulièrement porteuses,
  • celle aussi la division entretenue de faits entre ressortissants nationaux et migrants pluriels, gérées dans la confusion ou son utilisation perverse, particulièrement par les pays dits du groupe de Višegrad, avec le Premier ministre hongrois Orban certes,   mais aussi par l’actuel président de l’UE pour ce second semestre, le Slovaque Fico, qui refuse tout présence de réfugiés si sa confession est musulmane,
  • Celle du fossé entre des autoproclamées élites et des populations sans perspectives de lendemains enthousiasmants,
  • celle de l’hypocrisie tendant à réaliser une belle conférence sur l’urgence climatique et à force de dérogations électoralistes à ne pas satisfaire aux écisions prises lors de tels Sommets.

La « météo » pourrie de ce printemps n’est pourtant rien si ce qui a été décidé n’est pas raisonnablement mis en œuvre !!

Protection sociale, solidarité comprise, écologie créatrice sont les thèmes de mobilisation et de réconciliation que l’Ipse, ses adhérents et ses partenaires de l’économie sociale doivent porter comme forces vives de l’innovation.

 

N’attendons pas le changement ! Le changement c’est nous par notre appartenance à la société civile organisée !