Comment se passe la réforme ferroviaire à l’échelle européenne ?

 

La réforme du statut des cheminots en France fait partie d’un processus beaucoup plus large de privatisation ferroviaire en Europe. Quels pays ont déjà mis en place ces évolutions ? Avec quels résultats ?

 

Selon le quatrième paquet ferroviaire, adopté le 16 Décembre 2016, les lignes nationales conventionnées n’auront plus le monopole à partir du 3 décembre 2019. Ces directives visent à encourager la mobilité et les échanges économiques au sein de l’UE. A long-terme, l’idée est de permettre l’émergence d’un « espace ferroviaire unique européen » intégrant des normes de sécurité et des infrastructures uniformisées

.

Mais en pratique, qu’en est-il ? Certains pays européens n’ont pas attendu pour libéraliser leur système ferroviaire, tels que l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne ou encore la Suède, dans des conditions propres à chacun. L’Italie a été le premier pays à s’ouvrir à la concurrence. Désormais, le prix de ses billets est supérieur à ceux de la France car sans la participation de l’État, c’est sur le consommateur que se répercute le coût exorbitant des infrastructures. En Allemagne, il s’agit d’un marché mixte qui a permis de stopper le déclin du rail selon Christian Böttger, professeur à l’École supérieure technique de Berlin. Là aussi, le billet y est plus cher qu’en France. En Suède, le marché s’est progressivement ouvert aux entreprises privées depuis 1988 jusqu’ à devenir en 2010, le premier pays à avoir libéralisé l’ensemble de ses lignes. Dans ce cas, le bilan est mitigé pour les usagers : d’un côté, le prix du billet a baissé et l’offre s’est étendue, mais de l’autre, les infrastructures se sont dégradées et l’absence de point de vente unique a complexifié l’achat de billets. Malgré tout, en Suède, 70 % de la population souhaiterait le retour d’un monopole public sur les chemins de fer. Quant aux Britanniques, où l’exploitation des réseaux est gérée par le privé, les prix excessifs, la lenteur et les trains bondés leur font regretter la nationalisation du système.

 

Venons-en maintenant à ce qui occupe l’actualité en ce moment en France : la dégradation des conditions d’emploi des cheminots. Jusqu’à présent, les cheminots français disposaient de certains avantages tels que la garantie de l’emploi à vie, un régime de sécurité sociale et de retraite spécifique avec un âge de départ à la retraite plus bas que le reste de la population, une pension plus élevée, etc. Ses détracteurs mettent en avant le coût imposé par ce statut à la Sncf. Le gouvernement français a donc décidé de réformer ce système. Dans les autres pays, la réforme du système ferroviaire a majoritairement eu un impact sur le statut des agents, en dehors de la Suède où des gardes fous ont été mis en place. C’est notamment la garantie de le l’emploi à vie des travailleurs qui a été remise en cause.