Pour un numérique responsable

Jean-Christophe Chaussat un des membres fondateurs du Club Green IT et de l’institut du Numérique Responsable, qui a participé aux travaux de la 45ème rencontre de l’IPSE en novembre 2018 et qui a également animé la Matinale du 15 mars dernier sur le numérique face au défi de la transition écologique, nous livre une lettre ouverte ou verte selon expression. Un compte-rendu de l’initiative du 15 mars est aussi présent dans ce Foliomail.

 

Le numérique révolutionne à une vitesse vertigineuse les fonctionnements de nos organisations, le devenir de nos métiers, nos modes de relation et communication. Il est source d’innovation et de progrès, reflétant la modernité de nos entreprises, jusqu’à devenir la vitrine de leur savoir-faire. Pour les membres de l’IPSE, dont le cœur de métier et résolument tourné vers la société et le bien-être social, il peut également être un formidable outil pour refléter les engagements portés sur ces valeurs, tout en réduisant les impacts environnementaux et en identifiant des sources de profits durables.

 

Le numérique n’est intrinsèquement, ni bon ni mauvais il est ce que nous déciderons d’en faire. Il fait partie intégrante de nos vies, et les évolutions technologiques se succèdent pour notre plus grand plaisir, offrant sur des surfaces de plus en plus concentrées, avec toujours plus de capacités de traitements et de mobilité, une infinité de fonctionnalités, couvrant sans limite l’étendue de nos réels besoins, jusqu’aux plus inutiles.

 

Pris dans cette spirale, ces besoins inventés, formatent nos esprits dans cette logique du « toujours plus ». Ainsi, le fonctionnement d’un système d’exploitation comme Windows ou l’affichage d’une page Web nécessite 115 fois plus de mémoire vive qu’il y a 15 ans. Pourtant de 1969 à 1972, l’AGC (Apollo Guidance Computer), l’ordinateur de navigation et pilotage, embarqué dans les navettes Apollo, avait une capacité mémoire de 70 ko, soit l’équivalente du poids moyen d’un mail actuel (sans pièce jointe).  Nous étions capables d’envoyer des astronautes dans l’espace… avec le poids d’un seul des mails que nous recevons à présent par centaines … Autres temps,  autres avancées, autres exigences, certes…. Mais n’a-t-on pas un peu perdu la notion d’équilibre entre une démarche de conception responsable de « services numériques » et un engrenage de surconsommation pour répondre à d’éventuelles fonctionnalités, qu’au final nous n’utiliserons presque jamais ?  

 

Aujourd’hui, à l’échelle mondiale, nos usages connectés représentent déjà 2 fois l’empreinte environnementale de la France. D’après les sources du benchmark WeGreenIT WWT/Club Green IT :

 

 

  • 1 037 TWh d’énergie primaire (conso = 140 millions de français),
  • 608 millions de tonnes de gaz à effet de serre (86 millions de français),
  • près de 9 milliards de m3 d’eau (160 millions de français).

 

 

Nous sommes entrés dans une époque charnière, où les choix que nous ferons de l’usage du numérique, seront décisifs pour faire bénéficier l’humanité  de ces formidables opportunités à réduire notre empreinte écologique ou inversement contribuer à la mener à sa perte. Tous les experts climatiques confirment que nous n’avons plus aucune alternative que de réagir très rapidement.

 

Soucieux de ces enjeux et des difficultés pour identifier les actions à mettre en œuvre, depuis 2014 le club Green It s’est constitué autour de l’expertise de Frédérique Bordage https://www.greenit.fr. A ce jour il regroupe, des responsables RSE et Green IT de grandes organisations privées et publiques, dont l’activité principale est sans adhérence avec l’économie du Green IT. Il propose des solutions émanant d’entreprises utilisatrices : Caisse d’Epargne, CNR, iCDC, Le Groupe La Poste, Pôle Emploi, Renault, RTE, SNCF, Solocal, Université de La Rochelle, Airbus, Décathlon, Enedis, Schneider Electric, Société Générale, DGA, Aperam.

 

Lieu de partage des expertises et de mutualisation de livrables, le club a organisé des conférences, a produit des guides et référentiels de bonnes pratiques, formations, certifications, label et benchmark, toujours avec l’objectif de privilégier des partenariats avec des acteurs influents du monde associatif, de l’Economie Sociale et Solidaire, des ONG et des Ministères.                https://club.greenit.fr

Extraits des productions du Club Green IT

Livre Blanc Numérique et Environnement, (co-écrit) à destination du MTES

https://www.greenit.fr/2018/03/19/26-actions-concretes-faire-converger-numerique-ecologie/

 

 

Benchmark WeGreenIT

https://www.wwf.fr/projets/numerique-responsable

 

 

 

 

Et si le CAC 40 réemployait  ses anciens ordinateurs

 -> 1 500 emplois créés

http://www.ordi3-0.fr/actualite_etude-reeeboot–1-500-emplois-faciles-a-creer-en-france-grace-au-reemploi-eee_7.html

 

 

Donner une deuxième vie aux ordinateurs pour l’inclusion numérique de tous    Réemploi = Emploi

http://www.reeeboot.fr

 

 

Pour prolonger l’efficacité de belles rencontres au-delà des projets qui les avaient ponctuellement mobilisées, début 2019, le club a souhaité se monter en association loi 1901, en créant l’INR, l’Institut du Numérique Responsable.  contact@institurnr.org

 

L’INR est une nouvelle étape dans l’aventure du Numérique Responsable pour répondre avec force à ces enjeux devenus prioritaires. Il permettra à la fois de capitaliser sur les travaux collaboratifs déjà réalisés et de faire adhérer de nouvelles parties prenantes, collèges, associations, ONG, et nouveaux réseaux d’experts.

 

L’une des premières réussites de l’INR est pour début juin, la création d’un label Numérique Responsable, d’après le référentiel du club et en collaboration avec le MTES (Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire), Lucie (label de référence Iso 2600), SGS (leader mondial de la certification) et le WWF (première organisation mondiale pour la protection de la nature).

 

Lancé dans sa version pilote en 2017, ce projet a pour objectif de favoriser l’inclusion numérique en mobilisant de grandes organisations sur le réemploi des postes de travail. reeeboot permet ainsi à des associations ou à des particuliers de s’équiper de matériel à moindre coût. Sur le cycle de vie d’un ordinateur, la phase de fabrication concentre à elle seule  75 % des émissions de gaz à effet de serre. Allonger sa durée de vie est le meilleur geste  pour l’environnement et la création d’emplois auprès des entreprises de l’économie sociale et solidaire.

 

L’INR se tient à votre disposition pour partager ses travaux pour un numérique plus efficient et ses engagements vis-à-vis de l’environnement et de ceux qui en ont le plus besoin.

 

Jean-Christophe Chaussat

contact@institurnr.org