Royaume-Uni : Un système de santé à l’agonie ?

Les derniers chiffres sur l’état financier du NHS (National Health Service) en Angleterre sont inquiétants. Le déficit est historique. Selon les projections, il devrait atteindre les 2,2 milliards de livre pour 2015-2016, alors qu’il s’élevait à 800 millions l’an passé.

 

Depuis les années 2013-2014, le déficit du NHS – système principalement financé par les impôts – ne cesse de se creuser. Il devrait passer de 0,1 milliard en 2014 à 2,2 milliards de livres l’an prochain. Ces chiffres, qualifiés d’« horribles » par Jim Mackey, directeur général du NHS Amélioration, vont-ils sonner la fin du système de santé anglais, tel que nous le connaissons depuis 1948 ? Plusieurs voix se lèvent en ce sens. Richard Murray, directeur des politiques du think thank The King’s Fund, évoque une crise financière sans précédent qui compromet, pour une large majorité des prestataires du NHS, le maintien de la qualité des soins prodigués. Il invite donc les décideurs à réfléchir à une nouvelle formule viable au regard de l’évolution de l’offre et de la demande en matière de soins.

 

Les causes. La principale raison réside dans ce que Norman Fowler, ancien ministre des services sociaux, avait qualifié de « bombe à retardement démographique ». Selon lui, un tel système de santé était voué, faute de réformes en profondeur, à s’effondrer sous le poids de la demande de la population de plus en plus vieillissante. A cela s’ajoute la pénurie de médecins et d’infirmiers qui ralentit considérablement l’absorption de la demande. Malgré les 116,4 milliards de livres payés chaque année par les contribuables rien qu’en Angleterre, les établissements du NHS n’arrivent pas à faire face à la demande. De plus, au cours des vingt prochaines années, la situation tend à s’aggraver. En effet, le nombre de personnes âgées de plus de 85 ans, demandant davantage de soins, va plus que doubler et passer à 3,5 millions.

 

Les propositions. Le 4 juillet 2011, la commission Dilnot, formée à la demande du gouvernement et avec à sa tête l’économiste britannique Andrew Dilnot, a publié un rapport sur le financement de la prise en charge des personnes âgées. Il recommandait un système fondé sur l’assurance pour faire face à la dépendance ne pouvant être prise en charge par l’usager ou son entourage. Mais ces recommandations n’ont pas été suivies.

Simon Stevens, directeur général du NHS en Angleterre, a préféré demander l’avance de l’octroi des 8 milliards de livres promis dans le cadre de la stratégie UE 2020 pour le financement du système de santé. Par ailleurs, il a été demandé aux hôpitaux de procéder à des coupes budgétaires drastiques concernant les charges liées à l’utilisation de médecins et d’infirmiers d’« agence ». Les autorités régulatrices du NHS estiment que cette « dépendance excessive » avec les agences pour pallier le manque d’effectifs ne fait qu’alimenter la dette. Selon les derniers chiffres, le NHS a dépensé plus de 3 milliards de livres en un an à cet effet. En juin, le ministre de la santé a annoncé que de telles pratiques seraient sanctionnées.

 

L’Ipse reviendra prochainement dans ses publications sur la présentation de la « complémentaire santé » au Royaume-Uni.