Bête et méchant : le président de l’Eurogroupe véhicule les pires clichés racistes contre l’Europe du Sud

Président de l’Eurogroupe, le néerlandais Jeroen Dijsselbloem vient de se distinguer par des propos particulièrement injurieux à l’endroit des pays de l’Europe du Sud. Pour le président du conseil des ministres des finances de la zone euro, les pays du Sud qui sollicitent l’aide de l’Europe le font le plus souvent « avoir dépensé tout leur argent en alcool et en femmes ». Ces propos, tenus dans le quotidien allemand FAZ, ont provoqué un immense tollé. De nombreuses voix s’élèvent aujourd’hui pour réclamer la démission de M.Dijsselbloem. Ayant évoqué « une maladresse » mais refusant pour autant de s’excuser ou de démissionner, le président de l’Eurogroupe a reçu le soutien de son gouvernement ainsi que du ministre des finances allemands Wolfgang Schauble.

 

Lors de la crise financière de 2008, on pensait déjà avoir atteint les sommets de l’infamie avec les « PIGS », cet acronyme injurieux, utilisé par des journalistes britanniques et américains pour désigner les pays d’Europe du Sud (Portugal, Italie, Grèce, Espagne « Spain » en anglais). Pour rendre compte de la fragilité des économies de l’Europe méridionales, tous les clichés les plus éculés avaient été convoqués par certains éditorialistes de la presse financière. Si les pays du Sud connaissent un endettement massif, c’est en raison de la paresse inhérente de leurs citoyens et de leur absence de toute discipline fiscale. Soit une réinterprétation contemporaine, xénophobe et ultra-libérale de la morale d’une célèbre fable de la Fontaine. Sans faire mention, bien entendu, du rôle calamiteux des agences de notation et de nombreuses banques privées dans ces différents contextes.

 

Actuel président de l’Eurogroupe, le néerlandais Jeroen Dijsselbloem s’est illustré à sa manière en évoquant l’oisiveté supposée des ressortissants de l’Europe méridionale. Le ministre des finances hollandais a en effet comparé les pays du Sud à la situation d’un individu venant réclamer une aide financière après avoir dépensé tout « son argent en alcool et en femmes. ». Cette métaphore abjecte,  employée dans un entretien donné au quotidien économique allemand FAZ, a provoqué un véritable tollé en Europe. Par ces propos, le ministre entendait signifier que la solidarité à l’endroit des Pays du  sud de l’Europe exigeait de leur part de sérieuses garanties sur leur sérieux budgétaire.

 

Dans l’embarras, la Commission européenne, par la voix de Margarethe Vestager, Commissaire à la Concurrence, que les termes employés par M.Djissebloem étaient « inappropriés ». Dénonçant des propos « racistes, xénophobes et sexistes », le Portugal a réclamé mercredi sa démission. Matteo Renzi, l’ancien président du conseil italien, a quant à lui comparé les déclarations du patron de l’Eurogroupe aux propos « d’un pilier de bar ».

 

Refusant de s’excuser ou de démissionner, M.Djissbloem a fait part de timides regrets devant la presse hollandaise. Pis, pour justifier l’emploi de tels propos, le patron de l’Eurogroupe a invoqué à « culture néerlandaise et calviniste de franchise ». Les stéréotypes semblent avoir la vie dure pour M.Djissbloem.

 

Refusant de commenter les déclarations de M.Djissbloem, le ministre allemand des finances Wolfgang Schauble lui a toutefois renouvelé sa confiance. L’avenir de M.Djissbloem à la tête de l’Eurogroupe est pourtant incertain. Suite à la lourde défaite de son parti aux dernières élections législatives néerlandaise, sa participation à une future coalition gouvernementale est fortement compromise. Ce contexte fragilise une probable reconduction de Djissbloem à la tête de l’Eurogroupe.

 

Ayant démontré son inflexibilité sur le dossier grec lors de l’été 2015, Djissbloem, dont le départ est réclamé par la CES, partenaire de notre institut, incarne avec panache cette Europe austéritaire en perte de vitesse dans tout le continent et contestée jusque dans son propre pays.