Bilan social de l’Union europeenne 2009

L’Observatoire Social Européen  en collaboration avec l’ETUI*  publie pour la 11ème année consécutive son Bilan social, à l’occasion de la sortie duquel une conférence a été donnée le 19 mai à Bruxelles, au CESE.

Conçu au beau milieu des crises de notre Europe mal en point, ce Bilan se devait de faire entendre des voix pertinentes et indépendantes, dont certaines ont été écoutées lors de la conférence.

L’introduction de l’ouvrage pose clairement le contexte :  «  l’une des plus graves crises économiques que l’Europe ait connues depuis quatre-vingts ans » ; «  krach financier » ; « restructurations, faillites, licenciements, chômage » ; «  plans de relance » ; «  plans d’austérité budgétaire ».

Ce Bilan social de l’Union européenne 2009 se penche sur la manière dont le « modèle social européen » a amorti, souvent de manière inégale, la crise. Il compare ce modèle avec celui des États-Unis, et s’interroge sur le rôle de l’UE dans la gouvernance multilatérale en matière financière (notamment au G20), ainsi qu’au sein d’organisations internationales (telles que l’OIT). Enfin, il s’attache à analyser l’impact très concret de la crise sur les politiques sociales de l’Union : stratégie pour l’emploi, financement des pensions, dialogue social, inclusion sociale, etc.

Sans complaisance, les auteurs présents ont fait part à l’audience  de leur diagnostic, de leur pronostic (prudent) et de leur prescription, non exhaustive quant à l’état de l’Europe sociale.
Des mots clé se sont associés au fil des discussions, autant de symptômes, de causes, et de remèdes. En voici des notables.
Tous ont noté le non-projet que constitue la publication de la stratégie UE 2020, et David Natali (co-directeur de l’Ose) a souligné le fait qu’il ne portait, contrairement à feu la Stratégie de Lisbonne, aucun  compromis, idée qui, comme l’a précisé  Philippe Pochet  (directeur de l’ETUI), est pourtant à la base de la construction européenne, tout comme la coordination des institutions, trop peu réalisée aujourd’hui notamment ne matière monétaire. Pour Frank Vandenbroucke, membre du parlement flamand, l’investissement dans le social par les Etats Membres est essentiel pour lutter à long terme contre la pauvreté, et la boite à outil nécessaire à une telle mise en œuvre existe déjà, c’est à l’UE de pousser les Etats.
Ont été déplorés l’absence de légitimité politique et sociale de l’Union européenne, facteurs sine qua non de l’intégration, et donc de la survie de l’Union. L’absence de volonté politique derrière l’Union («  Europe Monet »), et la primauté de la pensée néolibérale nourrissent un euroscepticisme persistant selon Pierre Defraigne, -directeur exécutif de la fondation Madariaga-collège d’Europe-  qui a affirmé  cependant que « la conjoncture dangereuse que nous vivons est aussi un formidable wake-up call et nous en avions besoin ». Il  soutient également  que la bataille des idées est fondamentale, à l’instar de Pierre Jonckheer, président de Green European Foundation, qui appelle à la confrontation politique et surtout culturelle sur des projets concrets, comme l’énergie.
Le rapport de force est aussi appelé par Georges Dassis, président du groupe  de travailleurs salariés du CESE, pour que, notamment, la solidarité entre les Européens « dépasse les 25 km ». Un changement de paradigme est indispensable, et à ce sujet  Christophe Degryse, coordinateur de l’ouvrage, demande « s’il n’est pas temps de réfléchir à un nouveau modèle social démocrate, moins lié au PIB ? ».
Nous ne saurons que trop vous conseiller de  lire cet opus dans lequel vous trouverez des analyses telles que :

  • Les pensions dans la tourmente de la crise : messages-clés de l’UE – David Natali
  • Politique pharmaceutique de l’UE : la publicité directe auprès du consommateur – Rita Baeten
  • Cour de justice et politique sociale de l’UE : aperçu de la jurisprudence récente – Dalila Ghailani
  • Chronologie 2009 – Relevé des principaux faits marquants de la politique sociale européenne – Christophe Degryse

*Institut Syndical Européen