Coût horaire de la main d’œuvre en Europe : la convergence économique attendra

Le coût horaire d’un salarié européen varie de 1 à 10 dans l’UE. Cette conclusion d’une étude récemment publiée par Eurostat fait état de profondes disparités entre les différents modèles sociaux en Europe. Cette étude s’avère également très éclairante pour mesurer les trajectoires économiques dans l’UE ces dernières années. Fait notable, le coût horaire de la main d’œuvre en Europe centrale et orientale est en nette progression. Pour les salariés de ces pays, le rattrapage de leurs économies est synonyme de hausse sensible de leur pouvoir d’achat.

 

Publiée début avril, l’étude comparative d’Eurostat sur le coût horaire de la main d’œuvre dans le secteur marchand en Europe est riche d’enseignements. Au-delà de la forte disparité entre les différentes économies de l’UE, elle indique également comment les politiques d’austérité ont pesé sur les salaires. Ainsi, l’Italie et l’Espagne, confrontés à de drastiques coupes budgétaires et à un important taux de chômage ont vu leur coût du travail stagner depuis 2012. L’Allemagne, en situation de quasi plein-emploi, a en revanche connu une augmentation de 11,8% du coût horaire pour la même période.

 

Dans le coût horaire de la main d’œuvre, l’étude comprend les rémunérations (salaires, primes) mais aussi les couts non salariaux tels que les cotisations sociales patronales. La France est championne de ces coûts (32,8% du total des coûts de la main d’œuvre). Ceci s’explique par le financement de la protection sociale qui repose essentiellement sur les cotisations quand la plupart des pays européens le font reposer sur l’impôt.

 

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Autre enseignement, le coût horaire du travail ne semble pas avoir d’incidence sur le dynamisme économique. Malgré les nombreux dispositifs, notamment en France, introduisant des baisses sensibles de cotisations sociales patronales, la stagnation du coût de la main d’œuvre n’implique pas une hausse de l’activité et des exportations. Autrement dit, la compétitivité des produits à l’exportation dépend moins de leur qualité que de leur coût de production…

 

En Europe centrale et orientale, le fait notable est une hausse sensible des rémunérations. Ainsi, la Roumanie a connu en l’espace d’une année 17,1% de hausse du coût horaire de la main d’œuvre et la Bulgarie 12%. Si ce dynamisme des rémunérations se traduit par une hausse du pouvoir d’achat pour les salariés, il pourrait avoir à moyen terme des conséquences néfastes pour les économies de l’Europe de l’est. En effet, pour les nombreux groupes occidentaux à avoir délocalisé leur activité dans ces pays pour des raisons de coût, ces hausses sensibles pourraient les inciter à baisser ou interrompre leurs investissements…

 

Les très fortes disparités de rémunération dans l’Union européenne sont révélatrices des conséquences le plus souvent néfastes des politiques d’austérité. La modération salariale observe un faible impact sur le dynamisme économique des économies européennes. La convergence des économies européennes prendra encore du temps…