Du mieux sur le front de l’Europe sociale ?

Ce 5 janvier 2017, la Commission a publié le bilan de l’action du Fonds Social Européen (FSE) pour la période 2007-2014. Créé en 1957 à l’occasion du Traité de Rome, ce fonds structurel est un des plus anciens de l’Union européenne. Visant à promouvoir l’emploi et la cohésion sociale, ses dépenses représentent environ 10% du budget total de l’UE. Financé par les contributions des Etats membres et à la marge par des acteurs privés, son fonctionnement a considérablement évolué depuis la crise financière de 2008. Il est désormais nettement orienté vers le retour à l’emploi. Sa gestion est partagée entre la Commission, les Etats ou les exécutifs locaux. Historiquement, l’action du FSE se concentre surtout sur les régions dont le PIB est inférieur à 75% du PIB global de l’UE.

 

Les allocations du fonds atteignent de nouveaux publics parmi les populations les plus marginalisés économiquement (migrants, roms). Pour la période 2007-2014, la Commission estime que plus de 10 millions d’européens auraient trouvé un emploi grâce à l’action du Fonds. En termes d’inclusion sociale et de formation professionnelle, les allocations du fonds auraient concerné plus d’un travailleur sur deux dans l’UE. A l’annonce de ses résultats, Marianne Thyssen, commissaire à l’emploi et aux affaires sociales a salué «la solidarité dans l’action » permise par l’existence du fonds. Toutefois, l’optimisme de la Commission est à relativiser. Le chômage concerne encore 21,1 millions d’européens. Certains pays parmi les plus pauvres de l’UE (Hongrie, Roumanie, Slovaquie) n’ont du reste que très peu utilisé les fonds pour soutenir l’emploi et l’inclusion sociale.

 

Un bilan en demi-teinte ? Les experts de la Commission estiment eux-mêmes la difficulté d’évaluer le rapport entre l’emploi et les programmes financés par l’UE tant ceux-ci sont multiples et multidirectionnels. L’action du FSE semble surtout efficace dans les pays où le système social est peu développé. Ainsi, la Bulgarie et les pays Baltes ont employé jusqu’à 70% des ressources délivrées par le Fonds pour soutenir l’emploi et l’inclusion sociale. D’une manière générale le FSE est surtout présenté comme un outil permettant d’atténuer les effets collatéraux de la crise.

 

La pauvreté reculerait-elle dans l’espace européen ? Certains indicateurs permettant de mesurer les inégalités semblent indiquer une stabilisation de populations confrontées à l’extrême-pauvreté, à la notable exception des cas grecs et italiens. La timide et fragile reprise économique ne laisse pas augurer d’évolutions significatives en termes de mieux-être pour de nombreuses populations.

 

Utilisées à bon escient, les subsides du FSE semblent avoir un rôle conséquent dans l’atténuation des effets de la crise. Toutefois, les bons chiffres tels qu’avancés par la Commission doivent inciter à la prudence. Il importe désormais de poser sur la table des questions qui engagent l’avenir des européens sur un plus long terme. Ainsi engager, comme l’Ipse et ses partenaires le proposent, enfin la nécessaire harmonisation fiscale et sociale au sein de l’UE.  Associée à la remise en cause de politiques d’austérité  au profit d’une relance durable et soutenable les objectifs de croissance se doivent d’être revisités sensiblement par l’investissement dans une nouvelle économie de l’environnement. 2017 sera une année où l’Ipse, fort du soutien et de l’implication de ses adhérents et partenaires, apportera des éléments de débat et des propositions, alliant protection sociale, économie sociale, innovations pour la santé au travail et dans les espaces de vie.