Economie sociale et solidaire, l’objectif est la création d’emplois de qualité

Dans le cadre de sa participation aux travaux de l’Intergroupe économie sociale du Parlement européen, l’Ipse, représenté au sein de cette instance par Pietro Romano, était présent à la première réunion de cette année. Les participants ont réaffirmé leur volonté de promouvoir l’ESS, un modèle économique qui pâtit encore d’un manque de visibilité et de reconnaissance juridique au niveau européen. L’Ipse soutient la position qui a émergée lors des débats, à savoir le fait que l’ESS ne devrait pas se limiter à la simple création d’emplois dans un contexte de crise économique, mais viser la création d’emplois de qualité.

 

« Avec le taux de croissance actuel, l’Union européenne ne retrouvera son niveau d’emploi d’avant crise qu’en 2022 ; cela n’est qu’une moyenne, sachant que pour des pays comme l’Espagne ou le Portugal cette date pourrait être encore plus lointaine », a lancé le ministre luxembourgeois Nicolas Schmit, invité à l’intergroupe Economie sociale, mardi 12 janvier à Bruxelles. Bien que la création d’emplois demeure la clé pour résoudre les crises actuelles, notamment la crise économique et la crise des réfugiés, seuls des emplois de qualité pourront répondre pleinement à ces enjeux. Par conséquent, les institutions européennes devraient mettre davantage l’accent sur les conditions de travail, car « la précarité du travail entraîne la précarité de tous les aspects de la vie d’un individu », a souligné le ministre.

 

Or, le panorama des entreprises sociales dans les Etats membres de l’UE peut diverger profondément d’un pays à l’autre. Si en Pologne, pays où l’économie sociale est encore très jeune, les emplois au sein des coopératives sont souvent à temps partiels et ne donnent pas accès à une protection sociale digne de ce nom, en Italie ou en Allemagne la situation est bien différente. Ancrées dans l’histoire de ces pays, les entreprises de l’économie sociale bénéficient de diverses formes de reconnaissance légale et contribuent à créer des emplois de qualité qui favorisent l’intégration économique des catégories les plus fragiles, à savoir les femmes, les jeunes et les personnes vulnérables. Giuseppe Guerini, porte-parole de l’Alleanza delle cooperative italiane sociali (Alliance des coopératives sociales italiennes) a souligné qu’en Italie on dispose d’un grand nombre de données sur les entreprises sociales, qui ont enregistré une progression de 115% d’emplois entre 2001 et 2014. Il explique le succès de ces entreprises par trois facteurs : 1) le désir de créer un monde plus équitable ; 2) l’indivisibilité des ressources qui permet d’investir dans le développement 3) la capacité de rassembler des acteurs divers autour d’un projet commun ancré dans le territoire.

 

De son côté, la Commission européenne a rappelé son engagement en faveur de l’économie sociale, notamment à travers la nouvelle organisation de la Direction générale pour l’emploi et les affaires sociales et les lignes directrices adoptées en octobre 2015 dans lesquelles on mentionne explicitement l’économie sociale.

 

La présidence néerlandaise du Conseil de l’Union européenne qui a débuté en janvier, a fait du travail décent l’une de ses priorités. Il reste à voir si les Pays-Bas vont mettre en avant l’économie sociale avec la même ferveur que la présidence luxembourgeoise qui les a précédés. Entretemps, l’Ipse sera présent à Bruxelles le 28 janvier pour le 1er Forum européen de l’économie sociale et solidaire, lors duquel plus de 250 représentants de l’économie sociale vont échanger sur leurs expériences et sur la manière de peser davantage sur les décisions prises au niveau de l’UE.