Élections européennes : dernier tour d’horizon avant le scrutin du 26 mai

 

 

 A quelques jours des élections européennes, l’Ipse vous propose un dernier tour d’horizon des différentes forces en lice à l’échelle de l’UE. Pressentis pour sortir renforcés du scrutin, les populistes de droite s’engageront-ils pour autant dans la formation d’un groupe parlementaire en mesure de bousculer le jeu européen ? A l’inverse, la gauche radicale risque de sortir partiellement affaiblie du scrutin. Actuelle cinquième force du Parlement européen, la Gauche Unitaire Européenne (GUE) pourrait voir ses effectifs diminuer au profit d’autres formations politiques.

 

Vers un supergroupe parlementaire d’extrême-droite ?

 

Réunis à Milan pour un grand meeting commun le 18 mai dernier, les principales formations d’extrême-droite ont esquissé les contours d’une grande alliance au sein du futur parlement européen. Leur principal enjeu est de devenir la troisième force politique au sein de l’hémicycle au détriment des libéraux de l’ALDE. Le poids politique des nationaux-populistes s’est considérablement renforcé depuis les récents succès électoraux de la Ligue du Nord en Italie, en Suède ou en Autriche. Si ces formations sont en parfaite symbiose sur les questions liées à l’immigration ou au multiculturalisme, il existe entre elles de réelles divergences sur les questions économiques ou encore dans leur rapport à la construction européenne.

 

Dans la configuration actuelle du Parlement européen, les droites eurosceptiques sont divisées en deux groupes politiques : les Conservateurs et réformistes européens (CRE), l’Europe des Nations et des Libertés (ENL). Il existe également parmi les eurodéputés non-inscrits une alliance informelle entre plusieurs partis d’extrême-droite parmi les plus radicaux de la scène politique européenne : l’Alliance européenne des mouvements nationaux.

 

C’est le second groupe en termes d’eurodéputés qui pourrait bien sortir renforcer du scrutin selon les premières projections sondagières. En effet, les principaux partis qui le composent (Rassemblement National en France, Ligue du Nord en Italie) sont crédités de fortes intentions de vote dans leur pays respectif. Ces derniers mois, le premier ministre Italien Matteo Salvini s’est fortement impliqué pour élargir le spectre du groupe parlementaire à d’autres formations de la droite eurosceptique, notamment les britanniques de l’UKIP, formation pro-Brexit créditée de 35% des premières intentions de vote au Royaume-Uni. En comptant davantage d’élus, le groupe nouvellement constitué pourrait bénéficier de fonds plus conséquents, permettant ensuite aux partis membres de se renforcer financièrement. A défaut de se rassembler autour d’un projet aux contours bien définis, les extrêmes-droites européennes pourraient bien se rassembler autour d’un dénominateur commun : l’argent.

 

Ajoutons à cela que les défenseurs autoproclamés des gens ordinaires affichent un bilan en contradiction avec leurs intentions en période électorale. Entre absentéisme chronique, abstention sur le vote concernant la révision de la directive sur le détachement des travailleurs, oppositions aux droits des femmes ou au durcissement de la lutte contre la fraude fiscale, le bilan de l’extrême-droite au Parlement s’avère des plus accablants.

 

 

 

Une gauche radicale en proie aux divisions

 

Actuelle cinquième force du Parlement européen à égalité avec les écologistes (52 membres), la Gauche Unitaire Européenne (GUE/NGL) pourrait bien voir son existence menacée au lendemain du scrutin du 26 mai. La GUE rassemble depuis plusieurs législatures des formations communistes, anticapitalistes et écologistes radicales, la plupart issus de pays membres du Sud de l’Europe (Grèce, Espagne, Portugal). Le cœur de son action est la lutte contre l’austérité budgétaire et pour une accélération de transition écologique dans l’Union Européenne.

 

Au cours de la précédente législature, des divisions sont en effet apparues entre les formations qui composent le groupe parlementaire, notamment au plus fort de la crise grecque de l’été 2015. Plusieurs formations membres dont la France Insoumise et Podemos (Espagne) ont alors vertement critiqué la politique du premier ministre grec Alexis Tsipras, ancien membre du groupe et candidat à la Commission européenne en 2014 sous les couleurs de la GUE. Dès lors, il apparait très incertain que la GUE ne fasse pas l’objet de divisions voire d’un éclatement en raison des divisions de ses membres sur la stratégie à adopter face aux politiques d’austérité. Au demeurant, à l’initiative de Podemos, du Bloc de Gauche (Portugal) et de la France Insoumise, la liste transnationale « Maintenant le Peuple » mise sur pied pour ces élections a pour enjeu affiché d’occuper le leadership de la gauche anti-austérité en Europe au détriment des formations ayant conservé leur soutien à Syriza (comme le Parti Communiste Français).

 

Les récentes projections sondagières ne tablent pas sur un renforcement de la GUE, la gauche antilibérale enregistrant un recul assez net dans la plupart des pays où l’extrême-droite et les verts sont en progression. Pour la candidature à la présidente de la Commission européenne, la Gauche Unitaire Européenne soutient un ticket formé de la slovène Violeta Tomic, députée de son pays depuis 2014 et du belge Nicolas Cué, ancien chef de la section métallurgie du syndicat FGTB.

 

Camille Boucher