La fuite des médecins roumains

470 euros, c’est le salaire moyen d’un médecin généraliste débutant en Roumanie. Si cela nous apparait choquant en comparaison de la rémunération des médecins dans les autres pays européens, cela ne constitue que le premier rouage d’un cercle vicieux.

 

Ces salaires de misère poussent les médecins roumains à accepter les pots-de-vin pour pouvoir survivre ou bien à partir s’installer ailleurs en Europe. En France, on compterait par exemple plus de 4000 médecins roumains mais leur destination de prédilection est l’Allemagne. Ces départs massifs provoquent une désertification médicale : désormais, un quart des postes de médecins hospitaliers sont inoccupés en Roumanie, et le personnel restant est épuisé. Les conséquences de ce manque d’accès aux soins peuvent s’avérer mortelles dans certains cas. De plus, ce phénomène risque de s’amplifier car la population de médecins est vieillissante.

 

De nouvelles réformes, visant à augmenter la rémunération des médecins, ont provoqué de vives protestations.  En effet, en leur imposant de payer eux- même les cotisations patronales, ces lois risquent à l’inverse de réduire encore les salaires.

 

A travers le malaise des médecins, c’est tout un système de santé qui est malade. Au-delà des salaires insuffisants et du manque de possibilité d’évolutions professionnelles pour les praticiens, on déplore également un manque de dotations matérielles et de technologies de pointe dans les cabinets médicaux. Ainsi, les dépenses de santé roumaines sont les plus faibles d’Europe et se concentrent essentiellement sur les hôpitaux, où les conditions de travail se détériorent malgré tout. Quant au secteur privé d’assurance maladie, il est trop peu développé.

 

La corruption constitue également un fardeau puisqu’ elle donne parfois lieu à des trafics comme ce fut le cas dans certains scandales de produits falsifiés. Les désinfectant dilués, par exemple, présents dans une cinquantaine d’hôpitaux du pays ont été à l’origine de maladies nosocomiales. Plus largement, la corruption rend ce système de santé tout à fait inégalitaire et injuste pour ceux qui ne peuvent s’acquitter de paiements informels.

 

Face à tous ces obstacles, le patient roumain finit par perdre confiance dans son système de santé. L’année 2018 promet donc de ne pas être de tout repos sur le front des luttes !