L’économie ne dort jamais

On estime entre les 15 et 20% la proportion de salariés travaillant occasionnellement ou habituellement de nuit, soit entre 21h et 6h. En effet, le travail de nuit est nécessaire dans plusieurs branches notamment dans les grandes industries où par souci de rentabilité les machines fonctionnent 24 heures sur 24, comme la métallurgie, ou encore dans les services comme la police ou les hôpitaux. L’Agence Nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a rendu public, le 22 juin 2016, un rapport demandé par le syndicat CFTC sur les risques pour la santé relatifs au travail de nuit.

 

L’agence dénonce plusieurs risques qui peuvent toucher les professionnels travaillant de nuit. D’abord, les risques liés au sommeil. En effet, le salarié travaillant de nuit peut dérégler son organisme et bouleverser son rythme chrono-biologique. Son sommeil perturbé peut donc provoquer des baisses de vigilance dues à la fatigue et entrainer des accidents du travail, surtout entre 2h et 5h du matin. Ensuite, le travail de nuit est un facteur de risques psychologiques. Le salarié peut se retrouver isolé de son entourage: manque de communication, moindre de participation à la vie de famille et à la prise de décisions, tout cela influe sur son équilibre émotionnel. Pour finir, le travail de nuit peut provoquer des troubles somatiques notamment au niveau digestif. En effet, à cause de repas déséquilibrés et irréguliers et généralement une consommation excessive de thé ou de café dans le but de rester éveillé, le salarié peut contracter des ulcères, du diabète ou encore des douleurs abdominales.

 

Pour lutter contre ces risques, l’Agence préconise une bonne synchronisation en termes de sommeil et aussi en termes de repas. De plus, une bonne organisation mêlant vie professionnelle et vie privé est essentielle. Le salarié doit aussi respecter ses temps de pauses, ses temps de travail, bien se reposer en dehors des heures de travail mais aussi se tenir à un suivi médical. Des recommandations plus précises doivent être mises à l’étude dans des instances de dialogue social. L’Anses préconise également d’évaluer l’impact sanitaire du travail de nuit ainsi que les coûts sociaux associés en comparaison avec les gains économiques et sociaux produits.

 

En effet, peut-on, pour des raisons économiques, jouer avec la santé des salariés? Toutes les dépenses médicales liées au travail de nuit pourraient peut-être être évitées…