L’Europe peine à réintégrer ses 12 millions de chômeurs de longue durée

Le 17 septembre dernier, suite au rapport sur la réintégration des chômeurs de longue durée commandé par la Commission européenne aux experts indépendants du Réseau européen de politique sociale (ESPN), Marianne Thyssen, commissaire européenne pour l’emploi, s’est exprimée sur ce défis européen. Elle a proposé aux Etats membres plusieurs orientations, telle que la mise en place d’évaluation individuelle approfondie ou d’accord d’intégration professionnelle.

 

En 2008, la Commission européenne avait déjà publié une recommandation sur l’inclusion active basée sur trois axes : un complément de ressources adéquat, l’intégration dans le marché du travail et l’accès à des services de qualités. Sur la base de cette recommandation, l’ESPN a analysé les progrès réalisés par les Etats membres, et les résultats ne sont pas encourageants. En effet, les systèmes nationaux de réinsertion des chômeurs de longue durée sont à la fois complexes et lacunaires. De ce fait, de nombreux chômeurs n’ont pu bénéficier d’assistance sociale, d’allocations de chômage ou de services sociaux. Par ailleurs, les mesures mises en places par les Etats membres se sont révélées être soit trop limitées, soit trop ciblées.

 

Parmi les pistes proposées par l’ESPN, dans son rapport en date du 7 septembre, deux ont attirées notre attention. D’une part, l’idée d’un « soutien intégré », à savoir le renforcement de la coordination entre tous les services pour l’emploi et les services sociaux, permettant ainsi une utilisation plus efficace des ressources et une réponse plus adéquate aux besoins des chômeurs. Et d’autre part, l’élaboration de plans individuels et de contrats d’intégrations personnalisés qui doivent répondre aux critères sociaux et sanitaires. De plus, il est important de mettre en place des stratégies visant à prévenir le chômage de longue durée et de maintenir les prestations de revenu à un niveau approprié.

Le rapport rappelle également que certains pays et certaines autorités locales ont déjà mis en place des systèmes efficaces de soutien, dont il faudrait s’inspirer. Il invite donc les Etats membres à s’échanger davantage les bonnes pratiques dans ce domaine.

 

Lors de la conférence de presse du jeudi 17 septembre, Marianne Thyssen, commissaire européen pour l’emploi, les affaires sociales, les compétences et la mobilité des travailleurs, a proposé une approche en trois étapes pour s’attaquer au chômage de longue durée. Dans une première phase, il s’agit d’encourager l’inscription des chômeurs auprès des centres pour l’emploi. Actuellement, moins de la moitié des chômeurs sont enregistrés en tant que tels. Ensuite, la commissaire propose de fournir aux chômeurs de plus de 12 mois, inscrits dans les centres, une évaluation individuelle approfondie de leur situation, au plus tard au cours du 18ème mois suivant la perte de leur emploi. Enfin, sur la base de cette évaluation, les chômeurs devraient recevoir un accord d’intégration professionnelle qui pourrait inclure une assistance dans la recherche d’un emploi, des formations ou des aides au logement, au transport, ou bien encore des services de soins de santé. L’Ipse salue tout particulièrement cette dernière proposition qui contribuerait à résorber les inégalités existant entre actifs et chômeurs en matière d’accès aux soins.

 

La proposition de la Commission sera prochainement soumise au Conseil pour être débattue et adoptée.