Non, vous ne direz plus “camps d’extermination polonais”

Sous l‘impulsion des ultraconservateurs, le Parlement polonais a décidé de criminaliser toute référence aux “camps d’extermination polonais” afin de redorer l’image de la nation déjà ternie par un déficit démocratique et par l’expansion d’une droite nationaliste et xénophobe.

 

Non, vous ne direz plus “camps d’extermination polonais”. Suite au projet de loi lancé en 2013 par les ultra conservateurs, la chambre basse du Parlement polonais s’est prononcée à 57 voix contre 23 en ce début février.  Cette loi punit par des amendes ou des peines de prison allant jusqu’à trois ans, les étrangers ou les polonais qui rendraient  » la nation ou l’État polonais » responsables des crimes commis par les nazis allemands en Pologne occupée.  Bien que la majorité des camps d’extermination soit située sur son territoire, l’État Polonais se considère comme une victime de cette guerre. En effet, il n’a pas collaboré avec le IIIe Reich contrairement à d’autres pays et a perdu 15 à 30% de sa population selon les estimations des historiens.
Cette décision a suscité de nombreuses réactions notamment des États Unis et d’Israël. Benyamin Netanyaou s’est fermement opposé à cette loi. En outre, une centaine de grandes figures polonaises (artistes, journalistes, hommes politiques) se sont rassemblées à travers la signature d’un appel pour que le projet de loi soit amendé. En effet, cette loi, peut être considérée comme une tentative de nier toute participation de membre de la population locale à l’extermination des juifs et elle fragilise les survivants de la Shoah qui pourraient évoquer de tels cas. L’écrivain Jan Thomasz  Gross a osé abordé  l’extermination des juifs par les Polonais dans ses écrits et risque de se voir retirer l’Étoile du mérite. Ce projet de loi est donc un frein aux études historiques et journalistiques. Il s’agit pour le gouvernement polonais, dirigé par le parti nationaliste Droit et Justice (PiS), de présenter le conflit sous un aspect totalement manichéen où la Pologne ne serait que Martyr. Il est difficile de ne pas y voir le retour d’une certaine forme de censure. Toutefois, Le gouvernement polonais s’est dit ouvert à un dialogue avec Israël.

 

La liberté d’expression est fondamentale. Selon l’article 10 de la Convention Européenne des droits de l’homme, ce droit comprend « la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques et sans considération de frontière ». Fidèle à sa vocation sociale européenne et à sa mission d’information, l’Ipse se doit de dénoncer les régions où elle est en danger, qui plus est lorsque cela s’accompagne d’un déficit démocratique.