Parlement européen, la GUE se veut en première ligne pour l’économie sociale

A l’initiative du groupe politique Gauche Unitaire Européenne (GUE/NGL), le 28 janvier le Parlement européen (PE) a accueilli le premier Forum européen de l’économie sociale et solidaire (ESS). C’était la première fois qu’un évènement de cette envergure était organisé par un groupe politique du Parlement européen. L’Ipse était présent et a participé aux débats en plénière et dans les ateliers avec plus de 250 participants représentant les diverses sensibilités de l’ESS.

 

Des forums sur l’ESS, il y en a eu plusieurs. Mais celui du 28 janvier dernier, auquel l’Ipse a assisté au Parlement européen à Bruxelles, avait une connotation politique plus forte que d’habitude. En effet, c’est la première fois qu’un groupe politique du Parlement européen décide de faire de l’ESS l’une de ses priorités. L’Ipse accueille favorablement cette initiative, notamment pour le choix de la formule adoptée. L’idée de convoquer un Forum s’inscrit en effet dans une volonté d’ouverture et d’intégration propre aux acteurs de l’ESS. Comme l’a noté le vice-président de Social Economy Europe, le mutualiste belge et partenaire fidèle de l’Ipse Alain Coheur, « cet évènement ne doit pas rester isolé politiquement, mais s’articuler avec les activités de l’intergroupe sur l’économie sociale et s’ouvrir à d’autres acteurs politiques du Parlement européen ». Il est donc essentiel de nouer des alliances au sein de cette instance, d’autant plus que la GUE, qui regroupe des partis progressistes tels Podemos, Syriza et le Front de Gauche, ne compte que 52 eurodéputés sur un total de 751. Tout en gardant à l’esprit cette nécessité d’ouverture, l’Ipse se félicite de l’initiative de la GUE, dont le traditionnel soutien à l’économie sociale et solidaire a été redynamisé par l’arrivée de membres provenant des pays les plus touchés par la crise économique, tels l’Espagne, la Grèce et l’Italie. Les ravages des politiques d’austérité ont déclenché une réaction populaire qui, en Espagne et en Grèce, a été canalisée dans les mouvements politiques de Podemos et Syriza. Les députés européens de ces deux partis, souvent très jeunes, ont donc bousculé le groupe de la GUE suite aux élections européennes de 2014. Une autre donnée nouvelle qui a marqué l’ESS en ce début de 8e législature du PE, est l’arrivée des membres du groupe des libéraux au sein de l’intergroupe économie sociale, ce qui montre l’attractivité de ce modèle économique.

 

L’Ipse estime qu’il est nécessaire de capitaliser cet engagement politique afin de mettre en place des mesures permettant aux entreprises de l’ESS de se développer. Ces mesures concernent tant des aspects juridiques (les « Statuts ») que les formes de financement et la création d’une culture d’entrepreneuriat social. Cependant, comme l’a souligné Marie-Christine Vergiat (Front de Gauche – GUE), « la Commission européenne est en recul par rapport à la conférence de Strasbourg de janvier 2014, notamment en ce qui concerne la promesse d’un statut de la mutuelle européenne ». A l’inertie de la Commission européenne s’ajoute un débat toujours vivace au sein des acteurs de l’économie sociale quant à l’envergure de l’alternative qu’ils représentent. Au sein du Forum, deux approches ont émergé. D’une part, l’alternative portée par les « forces » de l’ESS devrait s’inscrire dans le cadre économique actuel en le renforçant avec un modèle davantage axé sur des valeurs de justice sociale et de solidarité. Il s’agirait de développer un modèle économique qui coexisterait avec le modèle capitaliste. D’autre part, on envisage une économie sociale et solidaire qui se substituerait à l’économie actuelle, un changement complet de paradigme.

 

Ces deux approches montrent la richesse du débat au sein des « forces » de l’ESS. L’Ipse considère qu’elles peuvent coexister, étant donné que ces stratégies ont vocation à s’appliquer à des stades différents. Dans le contexte actuel, a insisté Marie-Christine Vergiat, « les petites avancées sont des grandes victoires ».