« Pollueurs-payés » : Greenpeace dénonce les dérives de la Politique agricole commune

 

 

Dans une enquête publiée fin avril, Greenpeace s’alarme du montant considérable de subventions accordées aux exploitations agricoles européennes les plus polluantes. Dans le cadre de la PAC (Politique agricole commune), les fermes parmi les plus polluantes dans l’UE ont ainsi reçu moyenne près de 115 000 euros annuels. Appelant à une plus grande transparence dans le versement des aides, l’ONG de défense de l’environnement souhaite également une révision générale d’un système de subventions qui fait la part belle à l’agriculture intensive. La publication de cette enquête intervient dans un contexte de négociations entre la Commission et les États membres autour du budget de la PAC pour la période 2021-2027.

 

Coordonnée par plusieurs journalistes d’investigation, l’enquête de Greenpeace sur les subventions accordées dans le cadre de la Politique agricole commune dresse un bilan particulièrement accablant pour la Commission et les États membres. Système de subventions qui fait la part belle à l’agriculture intensive, il entraine une distribution d’argent public en direction de véritables « fermes-usines » à l’origine d’une dramatique pollution des sols. Avec son système de rétribution à l’hectare, Greenpeace accuse la PAC de pousser à l’intensification et à l’agrandissement des exploitations. Une politique agricole respectueuse de l’environnement devrait à l’inverse désintensifier l’élevage et réduire les cheptels. En l’espace de dix ans, la taille moyenne des ateliers porcins a été multipliée par 2,5            alors que deux tiers de ces exploitations ont disparu dans la même période.

 

Autre enseignement majeur de cette enquête, les pollutions environnementales générées par l’agriculture intensive font l’objet d’une surveillance très lâche de la part des instances nationales et européennes. Selon l’enquête de Greenpeace, qui évoque longuement la pollution à l’ammoniac, cette impossibilité d’évaluer leur impact réel est lié à la faiblesse des outils en places. A titre d’exemple, sur 31 000 exploitations de porcs et de volailles en France, seules 727 déclarent leurs émissions d’ammoniac liés à l’élevage.

 

Défendant un plafonnement des aides, Greenpeace appelle la Commission européenne à réorienter la PAC vers le soutien aux exploitations familiales respectueuses de la vie des sols et de l’environnement. Elle demande également de corriger toutes les lacunes dans le suivi des pollutions environnementales et de prendre notamment en considération l’impact de substances tels que le nitrate et le polluant.

 

Actuellement en négociation à Bruxelles, la Commission européenne défend une réduction de 5% du budget de la PAC pour la période 2021-2027. L’exécutif européen défend ces coupes en raison de la baisse de son budget global lié au départ du Royaume-Uni de l’UE. La France a vivement protesté par la voix de son ministre de la défense, M. Stéphane Travert. Parmi les associations professionnelles, les réponses ont été plus mitigées. Si la FNSEA s’insurge contre ces coupes, la Coordination Rurale et la Confédération paysanne ont fait entendre une voix différente. Pour ces deux organisations si la diminution du budget global pose un problème, les États membres et la Commission doivent en priorité s’interroger sur les dérives de la PAC et s’engager sur la voie d’une agriculture soutenable et de qualité.