Pourquoi la réforme de l’assurance chômage inquiète-t-elle ?

Le premier ministre ainsi que la Ministre du travail Muriel Pénicaud ont présenté, mardi 18 Juin, la réforme de l’assurance chômage qui devrait déboucher sur un projet de loi débattu au Parlement. C’est l’état qui a repris les rênes de cette révision compte tenu de l’impossibilité d’obtenir un accord des partenaires sociaux. Ces derniers ont donc été écartés du processus

 

Certaines mesures semblent constituer une mauvaise nouvelle pour les travailleurs précaires que sont les salariés en contrat courts. Conçus pour empêcher les chômeurs de gagner plus que lorsqu’ils travaillent, le nouveau calcul des allocations est susceptible de faire diminuer leur indemnisation de moitié.  En outre, la durée minimum de cotisation serait portée à 6 mois travaillés au lieu de 4 pour pouvoir percevoir l’allocation, or cette durée est rarement atteinte chez les contrats courts. Certains y voient donc un accroissement de la précarité.

 

A l’inverse, d’autres mesures ont pour but de dissuader les entreprises de signer des contrats courts en augmentant les cotisations patronales des employeurs concernées. Toutefois, la portée de cette démarche serait limitée puisqu’elle ne s’appliquerait pas à toutes les entreprises, laissant à ceux qui souhaitent utiliser ce type de contrat une opportunité de sous-traiter. Le MEDEF proteste contre ce malus à destination des entreprises.

 

Les cadres sont également la cible de cette réforme, surtout les plus aisés, qui verront leur allocation diminuer au bout de 6 mois. Les seniors de plus de 57 ans ne seront pas touchés. Mais qu’en sera-t-il de ceux qui sont sans emploi à plus de 45 ans et trouvent plus difficilement du travail du fait de leur âge? Le plafond d’indemnisation de cette population se trouve également réduit sans que son montant ait été précisé.

 

En revanche, la loi avenir professionnel (article 49) ouvrent les allocations chômage à une catégorie de population plus large sous certaines conditions très précises. L’article 51 quant à lui étend cette indemnisation aux indépendants.   

 

On note également un renforcement du contrôle des demandeurs d’emploi par le biais d’une augmentation très forte du nombre de personnel chargé de cette surveillance. Les demandeurs qui seront jugés comme ne faisant pas suffisamment d’efforts pour trouver du travail pourront être sanctionnés.  Des outils tels qu’un carnet de bord pourront être mis en place pour voir l’avancement de leurs recherches.

 

Les syndicats expriment leur mécontentement face aux propositions annoncées. Toutefois, leurs protestations ne résonnent pas à l’unisson. Les actions sont menées de façon indépendante entre les différentes familles. Cela peut s’expliquer par l’hétérogénéité des mesures proposées.