Présidence bulgare de l’Union européenne

Focus sur un pays miné par de nombreux problèmes structurels

 

Depuis le 1er janvier, la Bulgarie assure pour la première fois de son histoire la présidence tournante de l’Union européenne. Sofia se voit en effet chargée d’organiser des réunions interministérielles européennes, de fixer les agendas, et de travailler à la formation d’improbables consensus entre les 28 Etats membres. Avec la dernière phase de négociations du Brexit, la poursuite des discussions autour de la question migratoire ou le futur cadre budgétaire européen pour la décennie à venir, cette présidence ne manquera pas d’être particulièrement animée. Parmi les observateurs les plus au fait des questions européennes, nombreux sont ceux qui émettent de sérieux doutes sur la capacité de la Bulgarie d’honorer ces différents objectifs. Minée par de nombreux problèmes structurels en dépit d’une croissance économique solide, la Bulgarie entend toutefois profiter de cette présidence pour renforcer son influence dans l’UE.

 

 

En 2007, la Bulgarie et la Roumanie font leur entrée au sein de l’Union européenne. Cette étape nouvelle de l’élargissement de l’UE vers ses marches orientales fut célébrée dans la plus grande discrétion, ces deux pays présentant des indicateurs économiques et sociaux particulièrement faibles et à contrario des niveaux de corruption des plus élevés.

 

Dix ans plus tard, dans quelle mesure la situation de la Bulgarie s’est-elle améliorée ? En dépit d’une croissance supérieure et toute relative, du reste de l’UE (3,4% au second semestre 2017), cette nation demeure confrontée à de nombreuses difficultés structurelles. Confrontée à un très fort déficit démographique, la Bulgarie doit toujours faire face, depuis la chute du régime communiste, à une inquiétante corruption de son administration. Les différentes ONG des droits de l’Homme ainsi que la Commission européenne s’accordent à considérer qu’il s’agit du pays d’Europe le plus confronté à cette réalité.

 

L’actuel gouvernement de droite est également dans le viseur des ONG des droits de l’Homme en raison de sa politique migratoire. Longtemps contestée pour sa politique particulièrement répressive à l’égard des roms et des populations turcophones, la Bulgarie est pointée du doigt pour sa gestion de la crise migratoire : mineurs isolés enfermés, malmenés, familles arbitrairement reconduites à la frontière turque… Les exemples de maltraitance à l’endroit des exilés des conflits du Levant ont été la source de nombreuses inquiétudes pour les associations de la société civile organisée. Pour sa défense, Sofia argue de ses difficultés face à un flux migratoire d’une importance sans équivalent dans son histoire. L’adoption au premier semestre de l’année 2017 d’une législation anti-terroriste a également constitué une source d’inquiétudes pour Amnesty International en raison de la définition bien « trop large » des crimes de nature terroriste. Concernant la corruption, le gouvernement a longtemps défendu un projet de loi finalement censuré par le président de la République. Roumen Radev, soutenu lors de son élection par le Parti socialiste bulgare (ex parti communiste) a en effet regretté « le manque d’ambition » du projet législatif qui demeure aujourd’hui dans l’impasse.

 

La faiblesse de l’appareil d’état bulgare est certainement l’une des raisons qui conduisent un certain nombre d’observateurs à douter des capacités de ses services pour animer la présidence du Conseil de l’UE. A la décharge de la Bulgarie, la Commission décharge le plus souvent des fonctionnaires aux pays de l’Union aux administrations les moins développées.

 

La Bulgarie entend toutefois imposer plusieurs de ses vues aux autres membres du Conseil européen, comme son adhésion future à l’espace Schengen ou l’adhésion à l’UE de ses voisins de la province des Balkans. Sur ces points, la Commission, par la voix de son président Jean-Claude Junker a indiqué soutenir Sofia. Rien ne semble indiquer toutefois que l’ensemble des Etats membres ne s’accordent sur ces deux points.

 

L’Ipse a entretenu durant de longues années des rapports étroits avec ce pays partagée entre ses origines mycéennes et celles de la thrace antique. Que ce soit à Sofia, Plovdiv, ou Bruxelles et Paris , à la demande de l’ensemble des partenaires sociaux bulgares, , Dominique Boucher, au titre de l’Ipse, a été sollicité à plusieurs reprises tant sur les sujets de protection sociale (aussi  dans le cadre de négociations avec le FMI),  que dans le contexte de mise en place du dialogue social dans le pays. De plus,  Assya Genova, dirigeante de la confédération syndicale KNSB a participé assidument au Conseil d’orientation de l’Ipse durant une dizaine d’années.