Tout ce que vous avez toujours cru savoir sur la retraite suédoise sans jamais l’avoir demandé

S’il est vrai que l’on a l’impression de bien connaitre les grands modèle sociaux nordiques tant et tant vantés, que ce soit le triangle d’or danois ou le système de retraite suédois, en connaissons nous réellement le fonctionnement exact ?

Le COR a décidé de mettre fin à nos incertitudes en consacrant son dernier colloque à au système de retraite suédois, partant du postulat que si nous avons tous entendu parler d’enveloppe orange, de compte notionnel et de consensus, nous ne savons pas toujours exactement ce que cela recouvre.
L’actuel système de retraite suédois est un système mixte à cotisations définies dont une partie alimente un régime par répartition (16%) et un complémentaire obligatoire par capitalisation (2.5%). Le régime par répartition est constitué d’un compte notionnel géré par la sécurité sociale, compte individuel virtuel sur lequel sont versées fictivement les cotisations revalorisées annuellement. La liquidation se fait en multipliant les droits ainsi accumulés par un coefficient de conversion qui prend en compte l’espérance de vie de la cohorte, ce qui incite les suédois à prendre leur retraite tardivement. Il existe également un régime à prestation définies fiancé par l’impôt, la retraite garantie, qui constitue un minimum vieillesse.
La réforme paradigmatique qui a donné naissance à ce système est issue d’un processus politique assez long qui a débuté en 1991 et aboutit en 1998 suivi d’une transition rapide terminée en 2003.
Après avoir connu une période de crise, il s’agissait pour la Suède de se doter d’un système garantissant à la fois un équilibre financer absolu, un équilibre politique, une équité intra et inter générationnelle, une meilleure transparence et offrant également un revenu minimum.
La réussite de cette réforme tient notamment au fait qu’elle a rassemblé un consensus large, -ce qui n’est en fait pas si évident en Suède- la construction des comptes notionnels satisfaisant à la fois les libéraux et les socio-démocrates.
Cependant, une telle réforme est exigeante : elle nécessite un travail d’information, une recherche de consensus, un calendrier réfléchi, une conception précise (ainsi qu’un fond de réserve = à 30% du PIB en 2007) et représente un coût de transition non négligeable.  Des pays tels que l’Italie, la Lettonie et la Pologne s’en sont inspiré avec plus ou moins de succès, rappelant qu’aucun système n’est infaillible.
Comme le rappelle le président du Conseil d’orientation des retraites, cette reforme souligne avant tout qu’on ne peut pas aujourd’hui faire l’économie d’un réel choix en matière de retraite.
Ici, le choix a été fait de ne pas augmenter les cotisations et d’atteindre une équité intergénérationnelle et intra-générationnelle tout en conservant un équilibre financier. Les moyens mis en œuvre vont effectivement dans ce sens. Quoique concernant l’intra générationnelle, ce n’est pas exact, puisque le choix d’une pension élevée à la liquidation mais avec une revalorisation limitée, si elle favorise les carrières pénibles avec espérance de vie courte défavorise en revanche les femmes, qui connaissent souvent des carrières morcelées et des espérances de vies élevées. De même, le renforcement du caractère contributif et l’introduction d’une capitalisation sont des facteurs aggravant des inégalités, et les projections montrent qu’une paupérisation des plus âgés, des femmes et des salaires inférieurs au revenu moyen en sera la conséquence. A l’horizon 2050, on prévoit une réduction du taux de remplacement de 10 à 20% selon les études.
En outre, le compte capitalisé, s’il ne peut être liquidé qu’en rente, peut l’être soit en montant garanti soit en montant variable, facteur d’instabilité.
Il ne s’agit pas ici de faire le procès du régime mais plutôt de d’en faire une radiographie, un check-up :
Oui le système est stable aujourd’hui et le mécanisme automatique d’équilibre n’a encore jamais été déclenché, mais les conditions démographiques, économiques et sociales de la Suède sont plutôt positives actuellement.
Oui le système est plus transparent car les citoyens reçoivent chaque année une enveloppe orange indiquant clairement quelle sera le montant futur de leur pension mais il n’indique pas le taux de remplacement, ce qui rend finalement l’information opaque.
Oui un partage du poids entre les générations est assuré, mais les franges fragiles de la population le seront encore plus.
Et les suédois, qu’en pensent-ils ? 50% d’entre eux ont une confiance faible dans le système, et la même proportion dit ne pas bien le connaitre.